Je vais vous dire un truc personnel : cet article existe à cause de ma sœur. Ouais, j’ai une grande sœur et pendant longtemps on n’a pas eu les mêmes goûts musicaux. Et je pense qu’à une époque on a aimé s’infliger nos goûts mutuels divergents pour emmerder l’autre, grâce au ciel on a également pas mal grandi depuis. Pourquoi je vous raconte ça ? Parce qu’en vrai, comme souvent, les deux parties ont raison. Et le temps a passé et je me suis mis à apprécier certains machins qu’elle m’avait passé (mention honorable pour I, Monster notamment). Et puis une fois en fouillant ma vaste cervelle je me suis souvenu d’un machin qu’elle m’avait passé, je me souvenais d’un clip en stop motion où ça marmonnait divers trucs ayant peu de sens en faisant des assonances en Y (Pour les curieux c’était Ankle Injuries de Fujiya & Miyagi). et ça m’a fait penser à cette petite sélection quand je me suis rendu compte que j’avais beau avoir été allergique autrefois aux marmonnements et à la nonchalance machinale, ces trucs avaient pénétré mes goûts musicaux. Donc petite sélection pour vous, parce que ma frangine avait raison sur plus de points que je ne voulais l’admettre étant jeune (sauf Harvey Danger, ça ça craint par contre …)
Parler des Butthole Surfers est une tâche ardue parce qu’il y a ÉNORMÉMENT de trucs à dire sur eux. Pas de bol pour vous je suis d’humeur narrative. Venu du Texas, les Butthole Surfers (nul ne sait s’ils surfent des anus, ou si ce sont des anus qui surfent, ou même des anus surfés sur les vagues par des surfeurs, le mystère reste entier à ce jour) sont un de ces groupes ovnis un peu dégueulasses essentiels à l’histoire de la musique sans jamais avoir vraiment été récompensé pour leur boulot. En gros ils sont la continuité du punk américain né dans les 80’s qui arrivait déjà à l’époque où les Sex Pistols n’étaient plus crédibles et les Clash incapables de dépasser la gloire de London Calling (dur à faire en même temps). Je ne sais pas pourquoi exactement mais en gros j’ai l’impression que tout le monde à l’époque dans la musique a bouffé de l’acide, peut être que c’était le truc à la mode et qu’on s’en foutait ? Jon Roberts évoque un truc du genre dans son bouquin American Desperado et j’ai tendance à penser qu’il y a du vrai là-dedans. Quoi qu’il en soit il est clair et net que les Butthole Surfers ont avalé un MAX d’acide, eux même le disent, ils prenaient tellement de trucs qu’ils décollaient pour ne redescendre que trois ou quatre jours plus tard, sans aucun souvenir de leurs concerts ou d’où ils étaient. Et c’est comme ça qu’on obtient un groupe de punk/noise/alternatif/psychadélique/hardcore/trans/expérimental/putaindecequevousvoulez. On parle d’un groupe dont les concerts incluaient des mètres entiers de PQ balancés dans tous les sens, des instruments foutus en feu sur lesquels ils jouaient quand même, des light shows tellement bourrins que les gens en faisaient des malaises, une danseuse chauve nue, surnommé Ta-Da the Shit Lady, avec des épingles à nourrices percées de partout (avec laquelle, selon une histoire, le chanteur, Gibby Haines, aurait baisé sur scène pendant un concert. D’autres versions disent que c’était avec le bassiste, croyez ce que vous voulez), les membres jouant à poil et, mon truc préféré, des projections de films d’opérations médicales (les versions varient : opération de changement de sexe, reconstruction d’organes génitaux, gros plans sur des dégâts de MST, des bilans d'autopsie et j’en passe) volés par Gibby qui allait dans les hôpitaux en se faisant passer pour un docteur, le tout entrecoupé de reportages animaliers et d’épisodes de Charlie’s Angels passé en négatif et monté la tête en bas. Pour l’anecdote c’est leur chanteur qui chante sur Jesus Built My Hotrod de Ministry, il est arrivé en cabine complétement perché, a chanter tout son couplet puis s’est écroulé par terre, ils ont gardé ce qu’ils ont pu. Et ne parlons de titres d’albums comme Locust Abortion Technician ou Independent Worm Saloon. Et Pepper n’est rien de moins que leur gros single quand ils ont été signé en maison de disque. Si vous êtes intelligent vous êtes en train de vous demander comment une bande de tarés pareil peut avoir un contrat propre ? Parce que Kurt fucking Cobain. Je hais Nirvana avec une passion sans limite et je pense que jouer un de leur morceau au-dessus de ma tombe fera trembler le sol et sortir mon zombie. Pour vous dire la dernière fois qu’on s’est vu, Le Lobbyisé a joué les premières notes de Smell Like Teen Spirits sur sa basse, je lui ai dit qu’il était mort dès le deuxième accord. Mais je dois admettre un truc : cet écervelé de Cobain avait du goût. Et tous les groupes qu’il kiffait et citait se sont retrouvé avec un contrat en major pendant l’apogée de Nirvana. Que ce soit les Melvins, les Meatpuppets, The Vaselines et j’en oublie, y’a même eu Celtic Frost qui a eu droit à une réédition de toute sa discographie merde ! Et ainsi furent signé les Butthole Surfers. Amen. Leur principal single fut Pepper, et après un long historique vous voyez mieux pourquoi je parle de marmonnements. La moitié du morceau est un enfilage de spoken words sur une ligne de guitare ultra efficace et entêtante, croyez moi ça rentre su-per-bien dans le crâne. Le tout sur un clip qui … est quelque part entre un vieux polar et un rêve érotique de Terry Gilliam alors qu’il a de la fièvre. Je ne trouve pas d’autre termes. Et puis la flamme mourut et les Butthole Surfers retournèrent dans l’ombre plus ou moins. Y’aurait encore bien des choses à raconter mais j’ai déjà été bien trop causant.Juste pour voir faire rêver ça inclut : camper devant la baraque de R.E.M., des pipes à 30 dollars derrière une station service avec le mec de The Jesus Lizard, une baignoire remplie d'acides, un tube de comeback écrit par Kid Rock, un documentaire avec John Frusciante qui était au fin fond de son addiction, de la fameuse Shit Lady nue couverte de peinture dorée avec des bois de cerf, les corns flakes au LSD et j'en oublie. Rêvez bien.
Mon premier contact avec Failure a été accidentel et je ne le savais même pas. On est en … 2010 on va dire, peut être 2009 et je découvre A Perfect Circle. Et sur l’album Thirteen Steps il y a ce morceau : The Nurse Who Loved Me. En fait c’est une reprise de Failure, et si on ne fait pas ses recherches hé bien on ne le sait pas. Et c’est ainsi que je n’ai pas découvert Failure. Bien entendu l’histoire ne finit pas là sinon j’aurais le pouvoir d’écrire des articles sur des choses que je ne connais pas et n’ai jamais vu. Bon techniquement ça existe sans super pouvoir, suffit d’être critique dans un magazine parisien de cinéma et pis voilà. Mais j’ai toujours détesté Paris et moins j’y vais mieux je me porte, donc c’est pas aujourd’hui que je vais piquer leurs traits détestables. J’ai fait la connaissance de Failure en 2018 quand ils ont sorti un nouvel album après leur réunion, lequel répond au classieux titre de In the Future Your Body Will Be The Furthest Thing From Your Mind. Je sais pas s’il était nécessaire de faire aussi long pour développer une idée mais bon, tant qu’à faire autant être clair quand on a une idée j’imagine ? Une chaîne youtube à laquelle je m’étais abonné par accident, parce qu’elle postait des concerts de A Perfect Circle l’a mit en ligne, et par curiosité je suis allé jeter une oreille. Et y’a clairement une filiation entre eux et le second groupe de Maynard. Comme par hasard Billy Howerdel, le guitariste les revendique comme influence donc j’ai pas une si mauvaise oreille que ça. Et cet album il est carrément bien en fait. Ça sonne alternatif à l’ancienne sans être dégueulassement rétrograde et la production est de qualité. Et dans tout ça y’a Dark Speed. Je crois que c’est ce morceau et la façon de murmurer nonchalamment qui m’a ramené à Fujiya & Miyagi et donc à la naissance de cet article. Comme quoi les rebonds de pensée c’est pas une légende.
J’ai vraiment hésité à en parler de celui-là. Vraiment. En partie parce que c’était le réveil de quelqu’un de mon entourage, et cette personne oubliait souvent de l’enlever en vacances, ce qui fait que j’ai associé ce truc au fait d’être réveillé alors que j’aurais pu faire la grasse mat’. Et parce que Gorillaz c’est un peu cramé comme référence faut bien l’admettre. Mais à un moment faut arrêter de faire le hipster et de rendre à Albarn ce qui revient à Albarn. Né du cerveau du dessinateur britannique Jamie Hewlett (papa de Tank Girl) et de celui de Damon Albarn (chanteur de blur, les meilleurs amis d’Oasis …) qui se sont éclaté à tout simplement créer un groupe fictif avec des bio fictives entièrement en personnages animés. Techniquement ça sonne ridicule, dans les faits c’est génial parce que les deux gars ont du talent. Sans déconner, qui ne connaît pas Clint Eastwood ou Feel Good.Inc de ce groupe ? Même moi qui me considère comme vivant dans une grotte par rapport à la pop et compagnie je connais, ça veut dire quelque chose non ? Honnêtement, j’ai mis du temps à apprécier Gorillaz. A la fois parce que j’aime pas qu’on me réveille de bon matin que parce que la voix d’Albarn était, pour mes jeunes oreilles, pas évidente à apprécier. Et puis l’alchimie a pris et je me suis mis à aimer. Résultat je me suis fait une rétrospective de tous leurs albums sortis à l’époque, ce qui allait jusqu’à Plastic Beach. Et y’a plein de bonnes choses à dire sur Gorillaz. La musique elle-même est bonne, l’univers a une patte à lui et je crois que le meilleur compliment qu’on peut faire à un artiste c’est de ne pas être impersonnel. Et petit plaisir pour moi : les choix en termes de rappeurs invités sont toujours ma came (De La Soul, Del The Funcky Homosapiens, MF DOOM, Snoop Dogg, Vince Stapples, Pusha T) donc bon point pour eux. Et Rhinestone Eyes c’est un peu la synthèse du style Gorillaz, son un peu minimaliste mais super efficace, l’instru qui reste grave en tête et le chant nonchalant d’Albarn. Je crois que j’ai pardonné à cette chanson de m’avoir réveillé aussi souvent.
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