lundi 18 mai 2020

Rubrique Ciné #2 : White Fire

Ho bordel celui-là c’est un spécimen. Oui je m’emporte un petit peu, désolé de ça. Mais on parle quand même de White Fire merde ! Le vrai ! La légende ! L'idole ! Et je pense que bien des gens se demandent de quoi je parle. De White Fire serait une réponse facile et peu satisfaisante, je vais donc développer. White Fire, aussi connu sous le titre de Le Diamant et Vivre Pour Survivre (je suis aussi perplexe que vous sur le sens que peut avoir ce titre) est un film franco-turque sorti en 1985, tombé ensuite dans les plus ou moins limbes de l’histoire cinématographique … avant qu’il n’en soit exhumé par le site qui s'intéresse à ces trucs-là : Nanarland. Parce que White Fire est un sérieux, un gros, un poids lourd dans le domaine du film tellement raté qu’il en est hilarant. Et pendant des années je n’ai pu qu’imaginer sa splendeur parce que c’était juste pas possible à chopper via le net. Et puis j’ai réussi à le télécharger début janvier 2020 et une semaine et quelques après on s’est fait une soirée pour regarder le monstre avec des copains. Ce fut dantesque. Pour vous donner une idée voici un bref instant de notre soirée filmé par un des convives. Nom de dieu qu’est-ce que tout est foireux dans ce machin. Et … j’ai pas envie d’en parler plus en détail. Pourquoi ? Parce que plus d’un l’ont fait avant moi, et en un sens bien mieux. Et je pense qu’il y a bien plus intéressant à faire que radoter avec les autres. Que dire auquel cas ? Hé bien tout bêtement parler du film. Plus exactement de ce, je crois et il se peut que je me trompe complètement, qu’essaye de dire le film, quel est son propos, son histoire, son intention. Au-delà du nanar complet bien entendu. Aujourd’hui on plonge dans les sens et les interprétations foireuses !


Sans ironie aucune (malgré un forte tentation) que raconte White Fire ? L’action se passe en 1985 en Turquie où il semble y avoir des oppresseurs vêtus de casques en plastique, j’ignore si c’est une référence au passé de la Turquie avec le coup d’état militaire de 1980 ou si, c’est une théorie assez récurrente sur le net et j’ai tendance à penser qu’elle est vraie, ils ont commencé par essayer de tourner un film de SF et ont laissé tomber vu qu’ils n’avaient pas l’argent pour, écrabouillant les deux ensembles. On y suit Mike (détail intéressant : dans la version anglaise il s’appelle Boris, peut-être un lieu avec une présence russe en Turquie ?) et Ingrid, deux orphelins dont on a vu les parents se faire descendre par des militaires armés de fusils en bois dans la scène pré-générique avant qu’ils soient adoptés par L’Américain Sam. Ouais c’est à peu près tout ce qu’on sait de lui, donc j’utiliserai invariablement l’un ou l’autre pour le désigner. Devenu adultes on les voit se livrer à un trafic de diamants, volant notamment dans une mine qui est tenue par les oppresseurs vêtus de casques en plastique. Jusqu’au moment où deux éléments arrivent : la découverte du White Fire, légendaire diamant dit le plus gros du monde qui est également radioactif (?!) dans la mine des oppresseurs vêtus de casques en plastique et l’arrivée de Sofia, une mafieuse aidée par des hommes de mains tous plus moustachus les uns que les autres. Ouais, déjà rien que là c’est une sacrée tambouille et ça ne s’arrange pas ensuite. Vu que Mike et Ingrid décide de voler le White Fire pour “être enfin libres et ne plus avoir à se cacher ou fuir”. De quoi ? Aucune idée. Selon toute vraisemblance des oppresseurs vêtus de casque en plastique, ou alors de la clandestinité imposée par le fait que le trafic de diamant bah … comme son nom l’indique, c’est un trafic quoi. Et ce que je vous raconte ne couvre pour l’instant même pas une demi-heure de film je dirais. Jusque-là on a un vague polar/thriller avec un casse à monter et des éléments perturbateurs, ça peut passer, grosso modo. Sauf que ! Pour ne pas simplifier les choses, le film décide de nous sous-entendre lourdement que Mike nourrit des désirs clairement charnels à l’égard de sa sœur. Notamment avec une scène garantie 100% malaise où il la reluque à poil et lâche un “quel dommage que tu sois ma sœur” histoire qu’on comprenne bien. Aussi foireuse que soit la filmo de Jean-Marie Pallardy, de ce que j’en ai vu, et lu sur le reste, l’individu utilise souvent le thème de la famille dans son œuvre. On va dire … qu’il en explore un certain aspect dans ce film là … Et puis Ingrid meurt. Tuée d’une fléchette de sarbacane en pleine tête tirée par un sbire de Sofia qui (Sofia hein, pas le sbire) veut profiter du fait qu’elle sait où est le White Fire. Le tout en parallèle d’une scène où Mike et Sam discutent de savoir s’il faut du ketchup dans le plat ou non. Déchirant au possible … Et pour en rajouter au torrent de larmes, le film nous offre une reprise façon cœur brisé de son thème principal par le groupe Limelight. Je n’ai hélas pas pu vous trouver le morceau exact. Mais si vous voulez un fun fact le morceau a été écrit par un certain John Lord, qui, s’il n’est pas un homonyme, est surtout connu pour avoir tenu les claviers dans … Deep Purple ! Mais revenons-en à nos moutons voulez-vous ?

Parce que le foutoir continue de plus belle ! Pour combler la peine de son cœur blessé et de son âme meurtrie, Mike s’en va boire des coups. Alors qu’il en est à la troisième bouteille il fait la connaissance d’Olga qui remarque qu’il tire une tronche de chien battu. Et, suite à un figurant turc moustachu aviné qui drague la demoiselle, voilà que le tout dégénère en bagarre et elle ramène Mike, tabassé chez lui. Ce qui fait que Sam l’américain décide qu’elle est le sosie d’Ingrid et qu’elle va prendre la place de la défunte pour faire continuer le plan. Comme ça, ouais, cash. Il faut admettre, à la défense du film, que les deux actrices se ressemblent effectivement beaucoup, ils ont foiré bien des choses mais pas ça. Cette dernière accepte … et s’en suit un long montage où elle apprend à remplacer la défunte frangine … notamment avec un moment où Mike lui colle une tarte parce qu’elle a osé dire du mal de la défunte et ça passe comme une lettre à la poste … pour que moins d’une minute plus tard et dix brames supplémentaires de Limelight elle déclare l’aimer (le tout en marchant avec des palmes dans une imitation fort curieuse de pingouin). Sentiments qu’il lui rend trois mesures plus tard, entrecoupé d’images où il lui apprend à conduire une jeep dans les dunes et à tirer sur des bouteilles de Coca. Et pour couronner le tout, la voilà qui déclare s'appeler Ingrid juste avant qu’ils partent pour une clinique de chirurgie esthétique. Oui, vous avez bien lu. Mais tenez-vous toujours à vos moustaches turques, ça n’est pas fini. Arrive le seul truc vaguement cool (pour moi) du film : Noah. Oui, comme ça c’est pas franchement parlant. Tout simplement un nouveau personnage qui débarque dans le film, à la recherche d’Olga. Et pourquoi c’est cool ? Tout simplement parce qu’il est joué par Fred Williamson, star de la blacxploitation (et le pote de Sex Machine dans une Nuit en Enfer) qui joue toutes ses scènes avec un savant mélange d’arrogance amusée et de bats-les-couilles total, combiné à son charisme, qui rend le personnage assez magnétique. Et puis cette réplique légendaire trop souvent tronqué de “Fais un effort, ma patience à des limites mais il ne faut pas exagérer. Aussi, ne me fais pas attendreLapalisse eût été fier. Le tout sans aucun contexte qui il est avant un long moment en plus. On le voit donc arpenter un bar accompagné de ses hommes, puis un bordel où il débarque pour tataner un type qui est en pleine … activité. S’en suivent quinze-vingt minutes de ventre mou, hélas, où l’on voit Sofia tuer un sbire à grosse moustache parce que … Je ne sais pas. Le patron de la mine des oppresseurs vêtus de casques en plastique décide voler le White Fire et assassine quelques mecs ayant eu vent de son plan, tout en s’associant avec Sofia pour le faire sortir du pays (quant à l’intérêt d’un diamant radioactif intouchable, je vous laisse juge …). Et puis arrive le moment où le film décide de faire un plongeon triple salto arrière dans la piscine de caca en termes de propos foireux. Ouais, rien que ça. Olga revient de sa clinique de chirurgie esthétique (qui ressemble à un gros décor de film de cul français des années 70, ce qui n’est pas impossible vu la filmo de Pallardy), jouée à présent par l’actrice qui jouait Ingrid vu qu’elle a son visage. Déjà rien que là, on est sur un terrain inconfortable. Mais pour ne laisser aucun doute, elle et Mike ont une conversation super profonde (hahem) sur la peur qu’il a de la perdre, et qu’en fait il faut qu’ils abandonnent le casse (super attentionné de sa part d’y penser maintenant, alors qu’elle a le visage refait n’est-ce pas ?), pour que cette dernière lui rappelle qu’elle a fait ça pour lui, qu’elle l’aime. Avec un superbe “C’est moi Ingrid maintenant” histoire d’en rajouter une couche. Le tout se concluant sur un magnifique baiser des deux. Baiser où d’ailleurs une branche de plante du décors secouée par le vent squatte la moitié du plan par moment, ça m’a fait marrer donc je le signale. Et si j’ai besoin de vous expliquer le problème avec cette scène, vous n’avez pas suivi depuis le début et je ne peux rien pour vous.

Légendaire scène de la tronçonneuse

S’en suit une scène où Noah attrape des ouvriers de chantiers au lasso sur un solo de guitare plutôt classe histoire de poser une énième fois la question d’où est Olga et d’avoir la même réponse que les trois fois d’avant. Puis une nouvelle scène où Mike et Olgrid (oui j’ai décidé de faire un nom valise) s’apprêtent à croquer la pomme avant que Mike me fasse une pause, ait un flashback de leur enfance, l’appelle Ingrid et s’arrête alors qu’il la pelote. Ouais … Je vous avoue que j’ai toujours du mal à trouver le sens de cette scène. Mais trêve de fraternisation : voilà qu’ils organisent une fête. Pourquoi ? Officiellement pour annoncer le retour d’Ingrid de vacances. J’avoue que la logique m’échappe mais si le scénario tournait au bon sens, ça se saurait. Une fête à laquelle débarque le patron de la mine des oppresseurs vêtus de casques en plastique, Sofia et son bras droit, ce qui donne une scène qui aurait été intéressante dans un autre film, vu que Olgrid n’a pas la même voix qu’avant, mais c’est bel et bien elle physiquement et qu’après tout Sofia l’a vu mourir. Un possible hommage à Hitchcock ? Aucune idée, et le film non plus ne le sait pas vu que ça ne reviendra jamais sur le tapis. Et puis Noah débarque, et c’est là qu’on apprend enfin que c’est le chef de la police locale, et Olgrid explique clairement qu’elle a eu une aventure avec lui et que s’ils parlent, il va la reconnaître. Sans déconner, sobre et à froid, ce passage qui joue sur les faux semblants, le fait que certains savent des choses que d’autres ne savent pas et le jeu entre tout ça, dans un bon film ça ferait un excellent moment de tension. Mais on est dans White Fire, je vous le rappelle. Et aussi sec après un échange supposément chargé de tension entre Mike et Noah, changement de scène et le voilà à la clinique chirurgical porno 70’s à interroger la toubib (qui a vraiment un look de gourou new age, je vous jure) laquelle crache le morceau après qu’il ait menacé une de ses acolytes. Franchement Fred Williamson sait être menaçant, même dans un marasme filmique pareil. Et … cut à une scène où Mike, Olgrid et une bande types armés qu’on ne connaît pas semblent attendre son arrivée, retranchés dans ce qui ressemble … à un poste d’aiguillage (en tout cas il y a une voie ferrée à côté). L’information circule vite en hors champ il faut croire. Et en effet notre flic ripou arrive avec ses hommes armés et un type qui a le look d’un avocat et la coupe de Jeff Daniels dans Dumb and Dumber. J’aimerais inventer cette phrase … Les pourparlers s’engagent donc et Noah exige le retour de “ce qui lui appartient” : “son ex petite amie”, cherchez l’erreur. Et on n’a pas l’occasion de les voir débattre du sujet puisqu’un sbire ouvre le feu et le film nous vomit une fusillade moisie à base de zoom sur des moustaches et des champ-contrechamps boiteux (dont un où un sac poubelle pend, accroché à un mur, j’ignore pourquoi ce détail me fascine, on dirait presque un éco-sac, mais est-ce que les éco-sacs existaient en Turquie en 1985 ?) tandis que Noah s’enfuit le long de la voie ferrée. Olgrid manque de le rattraper et de lui coller un plomb mais Mike l’en empêche parce que “il a compris”. Certes oui.

Et pour mettre encore plus de clusterfuck dans la tambouille, parce que ça en manquait n’est-ce pas … Le patron de la mine des oppresseurs vêtus de casques en plastique annonce à Sofia qu’il va contacter Mike et Ingrid pour qu’ils volent le White Fire le lendemain. Avant que le lendemain il les voit arriver à la mine (par une caméra de sécurité portée à l’épaule au milieu d’un groupe de personne mais bon …) et appellent Sofia et son bras droit pour les prévenir qu’ils sont là et qu’il faut les empêcher de s’emparer du White Fire. Moi pas comprendre. Et ainsi commence le final dans la mine, qui est un feu d’artifice de tous les trucs nanars d’action qu’on peut espérer, à base de fusillades molles, de surjeu de mort à gogo, d’explosions au trampoline et autres types qui se ratent à quatre mètres, sans parler bien entendu de tous les figurants turques à moustache parce que sans eux le film ne serait pas le même. Et en coulisses on voit que visiblement Noah n’a pas dû tant comprendre que ça vu qu’il arrive discrètement en arrière-plan. Et puis … le White Fire explose. Pourquoi ? Aucune idée, il crépite un gros coup puis explose. Parce que. Sur du Limelight bien entendu parce qu’il faut rentabiliser ce morceau qu’on a déjà entendu six fois dans le film. Mike, Sam et Olgrid arrivent à sortir par une supposée cheminée qui ressemble juste à l’entrée de la mine qu’on a vu trois fois et déclarent qu’ils sont “libres” … pour tomber nez à nez avec Noah qui n’a définitivement pas compris en fait vu qu’il déclare être venu chercher Olga. Cette dernière accepte s’il “oublie Mike”, ce qui le fait rire sur le fait de se sacrifier pour l’homme qu’on aime. Mike lui demande comment il va justifier à ses supérieurs le fait qu’il ramène sa sœur. Que ? Quoi ? Quels supérieurs ? Moi pas comprendre. Notre ripou lui demande donc s’il a une meilleure idée. Ce à quoi il répond qu’ils n’ont qu’à oublier que ça a eu lieu en échange d’un diamant qu’il a ramassé plus tôt dans la mine. Le marché est conclu, sur un “ne lui faites pas de mal”, ce qui venant d’un type qui a passé le film à faire le stalker est d’une ironie palpable à travers la pellicule. Et tout le monde s’en va vers l’horizon … et générique. Nom de Dieu que c’était n’importe quoi. Rien que pour ça, White Fire est une expérience, un truc à vivre et à encaisser. Et y’a pire à venir grâce à moi !

Vous aurez la même tête quand vous aurez vu la fin du film, je vous le promet

Parce que je pense sincèrement que ce n’est pas juste un film “mal fait”. Bien sûr qu’il est mal foutu, ce ne serait pas un nanar légendaire si ce n’était pas le cas. Entre les faux raccords, les répliques débiles, les figurants qui font coucou à la caméra dans des images qui ont été probablement prises à la sauvette sans aucune autorisation, les flingues en bois montés à l’envers et visibles en gros plans dès la scène d’intro et l’acting approximatif. Et pourtant … en le voyant j’ai eu l’impression qu’il y avait quelque chose là dessous. Je veux dire, s’ils avaient juste voulu faire un film à la con pour ramasser de la thune, on aurait eu droit à un actionner bas du front et encore plus mal foutu que ce qu’est White Fire. Sans doute un polar sécuritaire à base de racailles de quartiers et un héros flic armé jusqu’aux dents. Après tout Cobra avec Stallone et Death Wish 2 et 3 sortaient à la même époque. Une mode qui avait son équivalent en France d’ailleurs avec toute la période polar de Belmondo et Delon (le premier faisait ses films qui avaient tous comme titre Le Quelque Chose” et le second “Trucmuchede Flic) donc ce n’est même pas une histoire de barrière culturelle. Vraisemblablement en dehors de l’aspect science-fiction avec les oppresseurs vêtus de casques en plastique, j’ai l’impression que le projet est resté plus ou moins le même. Ce qui implique qu’ils ont écrit ça tel quel. D’ailleurs il n’y a pas de “Ils”, le film crédite un certain Edward John Francis au scénario … lequel s’est avéré bien plus tard être Jean-Marie Pallardy sous pseudo. Autrement dit auteur et réalisateur. Qui a voulu faire ce film-là, écrit par lui. Et ça veut dire des choses mine de rien. Pour m’être penché sur “l’œuvre” de Jean-Marie Pallardy, le mec n’est pas un tâcheron. C’est pas le type qui va aller quelque part faire un film parce qu’on ne sait quel studio lui file 3000 dollars pour faire un film supposément épique aux Philippines dont la moitié du casting sera recruté là-bas et payé avec un bol de riz à la journée. En tout cas pour sa carrière cinématographique, j’ai pas autant diggé sa carrière pornographique. La plupart de ses films veulent avoir une histoire et un propos. Et ça m’a tarabusté la première fois que j’ai vu White Fire. Je sentais un truc. Au sein de tout ce marasme, je sentais qu’il y avait quelque chose. Peut-être est-ce uniquement la faute de toute la nullité de la chose qui en devient tellement profonde qu’elle se met à faire croire qu’il y a des choses. Un peu comme la BO de ce film de merde qu’est Spawn où, à force de sélections complètement random, on en obtient quelque chose qui devient cool. Écoutez la BO de Spawn, vous comprendrez. J’ai donc plongé à nouveau dans ce film, seul, reposé, l’esprit ouvert et à l’aguet. Et trois visionnages complets, plus une certaine quantité de passages isolés revus au fur et à mesure que j’écrivais cet article, plus tard, j’ai des choses à dire.

La jaquette de la réedition à venir, qui a tout compris au film

Je préviens d’emblée, ça va sembler complètement fumé, absurde et j’en oublie. Et le pire c’est que je vais vous raconter ça au premier degré. Je le précise parce qu’autrefois traînait sur le net une chronique de ce film qui en faisait un éloge absolument hilarant tant les comparaisons fusaient dans tous les sens pour en faire un joyau oublié et incompris. Je pense sincèrement que c’était un poste satirique. Je ne suis pas dans la blague ou autre. Je vais vous parler de ce que j’ai perçu dans ce film et de ce que, je pense, il essaye de dire et se vautre lamentablement. De mon ressenti, White Fire porte sur deux thèmes : les apparences et le désir. Oui, ça sonne comme les Cahiers du Cinéma et j’en suis désolé. Pendant les trois quarts du film on a des personnages qui jouent sur les paraîtres. D’abord Ingrid qui passe ses diamants en contrebande en bossant en apparence pour les oppresseurs vêtus de casque en plastique. Le patron de la mine qui ment sur tous les tableaux, à s’associer à Sofia, puis à Mike et Ingrid mais il a aussi l'air de rouler que pour sa pomme et de manipuler son petit monde. Noah qui semble être un mafieux ou un gars de la pègre pendant les trois quarts de ses apparitions avant qu’on nous explique qu’il est en fait flic. Et bien sûr la question d’Olga devenant Ingrid qui a littéralement l’apparence de quelqu’un d’autre et qui doit jouer et puis être quelqu’un d’autre. A moins qu’elle accepte de le devenir. Le tout cristallisé dans la scène de la fête où elle doit jouer un rôle et déclare “je suis Ingrid”. Ce qui me rend dingue c’est qu’à part Volte-Face je n’arrive pas à trouver d’autres films/livres où le concept de porter le visage ou l’identité d’un autre est utilisé. Alors que je sais pertinemment que j’en ai lu et vu d’autres. Merde. Ayez foi en moi on va dire. Et pour ce qui est du désir … Hou la vache y’a de quoi faire. On va commencer par le plus évident : le désir clairement incestueux de Mike à l’égard de sa sœur, qui est creepy as fuck, et cette légendaire réplique “dommage que tu sois ma sœur”. Ingrid qui est d’ailleurs le centre du désir du film presque à elle toute seule. Mike la veut, le directeur de la mine des oppresseurs vêtus de casques en plastique semble très clairement nourrir quelques désirs à son égard, notamment en lâchant “j’aurais aimé être à la place de votre frère”. Maintenant que j’y pense ça soulève encore plus de questions dérangeantes … Par l’enchaînement des événements, elle devient une cible pour Sofia, laquelle ordonne son kidnapping car elle est la seule autre personne à savoir où est le White Fire. Puis elle meurt et se “divise” : d’un côté dans le personnage d’Olga qui devient la nouvelle cible des désirs, et de l’autre en tant que présence puisque Sam et Mike ont besoin d’une nouvelle Ingrid et la façonne à nouveau. Et Olga du coup qui hérite des désirs portés à Ingrid, à la fois de la part du patron de la mine, de Mike et de Noah qui arrive à ce moment-là de l’histoire.

Et puisqu'on parle de Mike et de Noah j'ai l'impression qu'on peut voir les personnages en miroir l'un de l'autre. Les deux sont en quêtes d'une femme qu'ils ne peuvent avoir. Ingrid de part la barrière de l'inceste et du trépas, Olga par son refus et puis son changement de visage. Et on peut voir que la relation qu'ils construisent respectivement avec Olga se passe dans le sens inverse de l'autre : Olga dit avoir eu une aventure avec Noah puis le fuit vu ce qu'on ne peut que généreusement qualifié de tendances abusives de sa part. Mike commence en lui collant des tartes avant d'arriver à créer des ponts avec et de venir une relation ""saine"" avec. La double paire de guillemets me semble nécessaire. Et les deux renoncent au final à Olga (enfin je pense, comme je l'ai dit, la scène sur le bateau n'est pas clair). Mike le fait par raisons et sentiments, Noah pour de l'argent. Comme si Pallardy voulait en faire les deux versants d'une même pièce. Pour dire quoi par contre ... Et en parallèle de ça on a le White Fire qui semble obséder tout le monde. Tous les partis en présence le veulent, on a même un historien ou je ne sais quoi qui se met à lire des poèmes dessus à un moment et on a par moment l’impression qu’il rend fou quiconque le regarde, pareil un truc sorti de chez Lovecraft. Et c’est d’autant plus intéressant que, si on suit cette logique au bout, il semblerait que selon Jean-Marie Pallardy, le désir se meurt. Ou un truc du genre. Parce qu’au final, le White Fire explose et personne ne l’a, comme si nul ne pouvait accéder à ce qu’il veut. D’ailleurs en sortant de la mine après l’explosion, Mike déclare à Sam Ça y est, nous sommes libres”. D’ailleurs parlons de Mike et de son désir d’Ingrid via Olga. Une fois passé la scène où ils se pelotent sur un rafiot il n’y a plus franchement d'interactions qui semblent être romantiques entre eux, et de ce que j’en ai compris, il s’arrête en chemin dans ladite scène. Et pareillement pour Noah qui passe le film à courir après Olga … pour accepter de cesser sa poursuite avec juste une démonstration d’amour et une somme d’argent. Est-ce que Pallardy essaye de nous faire une morale sur la vacuité des choses et des tabous ? Sur le fait que la passion ne dure qu’un temps ? Que Freud aurait eu de la thune à se faire avec ce film ? Je n’en ai pas la moindre idée. Je ne peux que constater que ce film aurait pu avoir une sorte de fonds. Que ce soit par les divers effets qu’il tente piteusement de mettre en scène, ou sur son thème de l’inceste, scabreux il est vrai mais néanmoins possible à aborder avec du talent. Honnêtement, vous auriez donné ça à Paul Verhoeven je pense qu’on aurait eu un film d’une toute autre trempe. Ou Brian De Palma, les apparences et le thème de l'obsession étant des thématiques récurrentes dans sa carrière Ce qui n’est pas le cas et à la place on a White Fire tel qu’on le connaît. Un film unique, un IMMENSE nanar, sans doute avec nettement moins de substance que tout ce que je viens de vous décrire. Assurément un film à voir. D’ailleurs il existe en réédition blu-ray qui doit sortir cette année, si vous êtes curieux c’est l’occasion.

lundi 4 mai 2020

Cool clip #2

Deuxième épisode ! Parce qu’il n’y a pas assez à dire en un seul. Ou que je suis une larve qui recycle mes idées comme un gredin. Bon j’ai plus d’un an d’écart avec le premier volume donc on va estimer qu’il y a prescription. Et si vous êtes pas d’accord c’est pareil. Donc, rien que pour vos yeux et vos oreilles, une nouvelle brochette de clips que je trouve fort bien troussés (et j’aime aussi le morceau qui va avec, je suis pas maso non plus hein)

Euzen - Phobia

Euzen ça remonte à …. 2012 ou 2013 je dirais, j’ai découvert ça complètement au pif dans un topic de musique où on s’échangeait divers liens vers des groupes que chacun aimait. Bon bien sûr y’avait plein d’amateurs de death technique chiants mais qu’importe. Partout sur le net il y a des amateurs de death technique chiants. Pour ça que j’écoute pas Meshuggah. Euzen donc. Un groupe danois que j’aime beaucoup, hélas en stand by depuis maintenant quatre ans. À cause de Heilung, un autre projet où la chanteuse participe et du coup on l’a bien dans l’os. J’avoue préférer le premier au second donc ça me fait suer. Et du coup on ne peut que réécouter les perles de la carrière d’Euzen en espérant qu’elle en aura marre à un moment de faire des chants de gorges vikings avec des bois de rennes sur la tête à un moment. Voici donc Phobia dont le clip a une esthétique ultra léchée que j’aime énormément. Notamment le jeu sur les lumières et les contrastes, tous ces blancs et ces noirs qui détonnent les uns sur les autres. Le plus marrant c’est que je suis à peu près sûr que ça a été fait avec un budget assez maigre, la caméra et les décors seraient plus fous s’il y avait eu de la thune. Mais c’est très bien compensé par les images très frappantes qu’ils arrivent à déployer juste en jouant avec ces putains de couleurs. J’avoue, j’aimerais bien un nouvel album de Euzen moi.

IAMX - Stardust

J’ai été un jeune gothique dans ma tête. Si si, je vous jure. Jamais dans mes vêtements, trop cher et trop voyant et j’étais trop discret pour vouloir m’afficher comme ça étant adolescent. Mais musicalement j’ai jamais eu de soucis à aimer le genre. Et puis le temps passe, forcément, et les goûts changent un petit peu. Mais les souvenirs restent. Et quand cet inénarrable Skoeldpadda m’a fait IAMX pour la première fois j’ai eu un flashback. Et pas pour rien, car comme mes chouchous de l’époque (Blutengel notamment) IAMX a enregistré une partie de sa discographie en Allemagne, et ça se sent. Y’a un côté très arty à la chose et le son qui va avec. Ca me plait, tout bêtement. Sur certains côtés ça me fait penser à toute la vague new wave britannique façon The Cure. Et comme c’est le thème de l’article, je dois dire que le clip est fort réussi. En soi ça ne raconte rien ou autre, certains trouveront ça vide, mais j’aime l’esthétique. Encore une fois c’est très germanique comme feeling. Que ce soit tous les jeux de lumières, le maquillage à base de clous sur le front, le détail que tout le monde porte des caches tétons et toutes ces rotations de caméra. La seule chose qui me gâche le truc est la présence de Kat Von D et tout ce que je sais sur le fait que c’est un triste être humain. Mais détail que cela. Apprécions la musique et les images.

Massive Attack - Karmacoma

Je sais que j’ai déjà écrit sur Massive Attack dans un autre article, mais vu que je ne sais jamais dans quel ordre je vais publier ce que je gratte à l’avance (et croyez-moi, il y a un paquet d’articles fait à l’avance). Je vais essayer de ne pas trop me répéter et au pire je ferai des liens communicants. Massive Attack donc. On est en au deuxième album, Protection, qui doit être celui qui sonne le plus influencé reggae-dub (On retrouve Horace Andy sur Spying Glass notamment). Et surtout on a Karmacoma dans tout ça. Honnêtement je pense que ce morceau synthétise assez bien le sentiment qu’on peut avoir quand on est malade avec une énorme fièvre et qu’on sue à ruisseau tout en délirant sur une horde de créatures pyramidales qui doivent s’imbriquer ensemble sous peine de mourir, et qui meurent quand elles le font. J’étais vraiment malade ce jour-là, je tiens à le dire. Et pour un morceau pareil il faut un clip à la hauteur. Certains diront que c’est un énorme potpourri de références cinématographiques et rien d’autre. Et ils ont raison sur un point : c’est presque un who’s who de plein de scènes iconiques. Entre Barton Fink, Shinning, tout le cinéma de David Lynch, Pulp Fiction et j’en oublie bien d’autres. Et vous savez quoi ? Qu’importe ! Oui ce sont des références, mais l’art de la chose est que leur enchaînement n’a aucun sens, le tout crée un mélange absurde et profondément dérangeant justement parce qu’on sait que ces choses ne sont pas censées aller ensemble. Combiné à ce putain de morceau et le feeling de delirium précédemment évoqué, l’alchimie est parfaite. Pas aussi parfait que l’album suivant de Massive Attack, qui est un de mes albums préférés au monde, mais c’est pas pour autant que c’est mal.

L'état des lieux

Je vais annoncer quelque chose de choquant : à la grande déception de beaucoup ... je ne suis pas mort. Trois ans que ce machin prend la pou...