lundi 30 avril 2018

La barrière du Death


Je sais d’avance que ça va intéresser peu de monde. Parce que ça va seulement intéresser une communauté restreinte qui se trouve elle-même à l’intérieur d’une communauté restreinte, ce qui est quand même assez con pour une tentative de vulgarisation. Mais bon, j’aime la connerie.

Dans le premier article, on a déjà dit qu’on se retrouvait dans le metal, à la différence près que j’ai passé la barrière du death mais ce n’est pas encore le cas pour Gerru. Mais qu’est-ce que la barrière du death ?

Et bien c’est une métaphore que je me suis imaginé pour illustrer la capacité ou non d’un individu à écouter du Death metal en tant que musique et non en tant que mur sonore dénué d’harmonie. J’aurais pu parler de la barrière du black en parallèle de ça mais quand on tend l’oreille, le Black est établi selon des codes pas mal différents du Death. Donc je préfère me concentrer sur le Death, qui au passage est mon sous-genre favori dans le metal extrême (oui, un sous-genre dans un sous-genre. On vous a déjà dit que le metal était un bordel sans nom à classifier ?).

Si je parle de cette notion relativement bancale avec vous, c’est parce que lorsque l’on parle de musique en règle générale, il y a énormément de gens réceptifs au metal, voire même qui sont proches de la barrière, mais qui se sentent perdus lorsqu’il s’agit d’entrer dans des sous-branches extrêmes, notamment dans le Death. Cela se voit surtout avec le nombre hallucinant de gens qui s’enjaillent sur du Death mélodique (Amon Amarth, In Flames, Children of Bodom, Soilwork...Vous avez forcément des connaissances ayant des familiarités avec ces groupes, peut-être que vous êtes vous-mêmes directement concernés), mais qui n’y arrivent plus quand on arrive au Death pur souche.

A contrario, mes connaissances ayant un faible pour le Death ont du mal à expliquer ce que l’on trouve dans le Death et pas ailleurs, et à trouver des trucs pour franchir le pas.
A toutes ces interrogations et ces zones d’ombre, j’ai fini par toutes les regrouper en une seule problématique qui résulte d’un blocage, d’où l’appellation de “barrière du Death”.

Malgré le fait que ce soit un de mes sous-genres de prédilection, cet article n’a aucune prétention, et je sais que je me trouve en terrain glissant. Donc voyez cet article plus comme un sujet à discussion plutôt qu’une écriture sainte (ce qui est mieux pour tout le monde, les écritures saintes sont mal vues dans le Death au passage). En fait, voyez-moi juste comme un gars qui cherche à mettre des mots sur une forme d’art très difficile d’accès. C’est très con comme but, mais j’aime ça, j’aime la connerie.

Les bases

Tout d’abord, il me semble judicieux d’expliquer les bases du Death metal. C’est plus facile d’aborder le machin quand on sait par où on doit commencer. Vous voyez ce que c’est le Thrash Metal (non, ça ne veut pas dire metal poubelle, bordel de merde) ? Si vous connaissez un ou des groupes du Big 4 of Thrash,
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ou quelconque groupe de metal un peu énervé des années fin 80, vous avez déjà une bonne idée du son qui ressort. Ça va vite, c’est bourrin, c’est technique et ça gueule.

Et d’ailleurs, si vous aimez bien le Thrash, vous n’aurez pas beaucoup de chemin à faire pour passer au Death, pour l’unique raison que d’un point de vue historique, le Death est son héritier direct.
En effet, on était à une époque où les thrasheurs se faisaient la guerre pour savoir qui était le plus rapide et le plus chanmé avec son manche (j’espère que ça valait que pour la musique…)

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“Dans le Thrash regarde les branleurs faire la guerre”

Et le Death consistait justement à monter encore d’un cran dans la vitesse, et à faire un son encore plus grave pour avoir l’air bien “evil sa mère”.

La démarche était donc toute trouvée. Pour décrire les instruments, on a des grattes accordées en très grave qui se font maltraiter, une batterie à 2 grosses caisses avec un batteur fan de blast beats (et de Sonic aussi…), et un chanteur qui growle en règle générale (oui il chante, c’est juste que leurs gammes sont à l’image de leur grattes).
Et pour bien montrer que le Death va plus vite que les autres, une bonne partie des tracks de Death Metal fixent le tempo à 240 bpm, soit le rythme maximal de la plupart des métronomes (heureusement ils ne sont pas tous comme ça, même si on finit par y prendre goût).

Donc pour résumer, c’est encore plus violent, ça va encore plus vite (c’est encore plus technique par extension) et on comprend à peine ce que ce putain de chanteur essaie de nous gueuler.
Oui, d’une certaine façon on peut dire que les deatheux ont tout fait pour nous dégoûter de ce style, et quand on regarde le nombre d’auditeurs de Death par rapport au nombre total de talleux, ils ont bien réussi leur coup.
Mais vous vous doutez bien que si je vous en parle malgré tout son aspect repoussant, c’est qu’il y a des trucs sympas là-dedans. Et pour le coup je ne sais pas si je fais preuve de bon ou de mauvais goût en parlant de cela, parce que malgré des préférences musicales communément admises comme “bonnes” dans la communauté des rejetons de Satan, je ne compte plus le nombre de gens que j’ai emmerdés avec ce sous-genre.

Comment prendre ses marques

Mais du coup, comment on fait pour aborder une musique en apparence plus bordélique que ce qu’on a l’habitude d’écouter ? Et bien, y’a pas 36 solutions, c’est avant-tout une question d’ouverture d’esprit.

Comme je l’ai dit tout à l’heure, on est sur une musique avec un rythme très élevé et un don par moment à la limite de l’audible, mais ce sont les codes établis tels quels, et pour autant il ne faut pas s’offusquer pour le simple fait que c’est trop violent et que c’est joué trop vite.

Ce n’est peut-être pas votre kiff et c’est tout à votre honneur de dire que vous n’aimez pas, mais dire que le Death est de la merde à cause de ses codes ne vous fait en aucun cas marquer des points puisque vous enfoncez des portes ouvertes.
Un peu comme si les gens disaient qu’ils aiment pas la techno parce que ça fait boum boum dans les oreilles, ou qu’ils aiment pas le rap parce que ça chante pas et que c’est vulgaire.

C’est. Le. But. C’est vous qui devez vous adapter à l’oeuvre et non l’inverse, et c’est d’autant plus vrai quand on aborde des genres musicaux underground.

Maintenant que ce point est clairement énoncé, on peut essayer de se fixer des points de repère pour décrypter tout ce merdier.

D’une part, la basse. Oui oui, cette gratte plus grosse que les autres que les ignorants n’entendent pas (ou qui refusent de l’entendre, au choix). Et bien ça à l’air tout con, mais c’est certainement l’instrument qu’on entend le plus clairement dans le Death. Et en même temps c’est pas compliqué, les guitares sont accordées très bas et bien souvent saturées à fond. Et le plus souvent, la basse suit la guitare rythmique, donc je pense que la basse est un bon point de départ pour commencer à démêler tout ça.

Au passage, dans le Death en règle générale, c’est assez difficile de comprendre la structure des morceaux si on écoute que les grattes. Si vous voulez un exemple, prenez un morceau de Meshuggah, n’importe lequel, et vous enlevez la basse...Ben on entend juste un son ultra saturé mais pas de mélodie, et on en revient au bordel déjà évoqué tout à l’heure. Au contraire, amplifiez la basse et vous serez un peu plus lucide sur la musique.

 Et en slapé, s'il vous plait

Et pour vous faire une confidence, la basse est la principale raison qui m’a fait aimer Deicide. Autant le fait que Glenn Benton (le leader) soit à la fois le bassiste et le chanteur je m’en latte les burnes, mais les partitions de basses sont vraiment cools, aussi bien à écouter qu’à bosser (si par un hasard de la nature des bassistes seraient en train de me lire).


Une fois que vous aurez passé ce cap, il faut ensuite décortiquer le reste des instruments un à un. Alors oui, en général, on a l’habitude d’entendre tous les instruments d’un coup pour tenter d’ordonner le tout. Mais c’est comme essayer de démêler une boule de nœuds d’un seul coup et à pleine mains. C’est marrant au début, mais ça fait pas avancer le schmilblick.
Alors que si on commence fil par fil, ça prend plus de temps, mais on est sûr de tout séparer à la fin. C’est un peu la même chose pour le Death, étant donné que c’est une musique bordélique par principe, il faut séparer chaque instrument pour que tout s’éclaire.

Toutefois, même en abordant tout l’aspect instrumental, j’ai oublié de traiter un point qui est pourtant une des plus grandes causes de blocage : le chant.

Comment on peut trouver ça beau ?”, “Pourquoi ça et rien d’autre ?”, “T’es sûr qu’il est pas en train de dégueuler en même temps ?”. Telles sont les questions qui sont les plus souvent posées par les gens lambdas (ou même des talleux qui n’ont pas passé la barrière) quand il s’agit d’aborder le “growl”, le chant guttural par défaut du Death. Mais vu que je suis un partisan du mauvais goût, je vais tenter très grossièrement d’expliquer ce que je trouve de beau là-dedans (notez que je suis objectif, mais seulement envers moi-même).

Dans un premier temps, il faut voir le growl comme une technique de chant à part entière. Pour expliquer TRÈS grossièrement ce qui se passe, le chanteur fait en sorte d’augmenter la pression causée par la circulation de l’air dans le larynx. Étant donné que le larynx ne peut pas supporter une pression trop forte, il va répartir le débit d’air sur l’ensemble des cordes vocales. Du coup, les cordes vocales vibrent beaucoup moins vite, et par extension, la fréquence de la voix est beaucoup moindre, et ça fait un grosse voix bien dégueulasse qui fait peur.

Et dans un second temps (ça peut surprendre pas mal de monde), si on veut bien chanter en growl, il faut d’abord bien chanter tout court, car les tonalités de growl sont beaucoup plus précises (oui, il y a des tonalités dans le growl, qu’on le veuille ou non) et les risques sont moins grands, voui voui.
Une discipline extrême implique forcément de prendre des risques, et le chant guttural n’y fait pas exception. Dans notre cas, un bonhomme qui connait les bails et qui a une bonne maîtrise de son organe sait prendre les bonnes dispositions pour ne pas flinguer ce dernier (je parle de sa voix). Et pour les boeufs qui growl pour cacher le fait qu’ils ne savent pas chanter, leur carrière n’est jamais très longue.

Donc finalement le growl et le chant, c’est le même combat. Ca s’apprend, ça se maîtrise, et les deux sont totalement compatibles. Mikael Akerfeldt, leader d’Opeth et ex-Bloodbath en est l’exemple vu et revu mais très évocateur.

Pour autant, on n’a pas encore répondu à la question du pourquoi on trouverait ça beau. Pour ma part je répondrai que c’est le chant qui sied le mieux à ce genre de musique.
C’est vrai, tout n’est que brutalité dans les sons, les thèmes abordés sont tous plus violents les uns que les autres (la mort et la destruction régnant en maîtres), bref c’est du metal extrême dans toute sa splendeur, et il faut un chant qui corresponde à cette atmosphère abyssale : le growl était donc tout trouvé. Le choix est d’autant plus judicieux car le growl a ce quelque chose de bestial, voire démoniaque qui colle parfaitement à la démarche artistique adoptée par le genre.

Et utiliser une autre forme de chant pourrait couper la brutalité qu’on recherche. C’est vrai, à quoi sert un chant heavy dans une atmosphère bourrine et macabre ? Peut-être que des groupes de ce genre existent, pour autant j’aurai beaucoup de mal à associer ce chant-là à du pur Death. D’ailleurs l’inverse est également discutable : à quoi sert un chant growlé dans du pur Heavy ? Je vous laisse prendre le temps d’y réfléchir.

Alors évidemment, concernant le growl, les principaux reproches qu’on peut faire à ce genre de chant est que toutes les voix se ressemblent et que la tessiture soit très limitée, ce qui est vrai car même s’il y a autant de growls que de voix différentes, la plupart des différences sont indicibles si on n’y fait pas attention. Pourtant, la différence est notable entre un bon growleur et un mauvais : tout est dans sa capacité à se faire passer pour un monstre sans faire douter un seul instant qu’il peut avoir une voix normale. Et à ce compte-là, un mauvais growleur se fait très vite griller.

En parallèle, peut-être que chanter en clair parle à beaucoup plus de monde, pour autant il ne faut pas prendre ce style comme une sécurité sociale. Un chant mainstream implique d’avoir un certain niveau si on cherche à se démarquer du lot. Rassurez-vous quand même, les mauvais growleurs se reconnaissent, et ces mecs sont pénibles à entendre, mais les mauvais chanteurs heavy sont encore pire.

Voilà. Ce ne sont que quelques points de repères, mais cela peut vous permettre de mieux accepter le Death tel qu’il est, en partant du principe que vous êtes suffisamment curieux et ouverts d’esprit pour vous lancer, bien entendu.

Mais je vous vois venir en me disant que commencer par le Death sans préliminaire c’est quand même brutal, et je suis complètement d’accord (y compris hors contexte). Pour ma part ça fait près d’une dizaine d’années que je me suis lancé dans le metal, mais ça fait seulement depuis 2015 que j’ai passé la barrière du Death. Donc il s’est quand même passé un bon bout de temps. Cependant, j’imagine que vous n’avez pas autant de temps à perdre. Donc je peux vous filer des tuyaux pour vous aider à franchir la barrière.

Des pistes pour s’initier
Je préfère commencer par mon expérience personnelle, comme ça c’est dit :
Gojira

Oui, c’est pas super original quand on sait à quel point ces gugus squattent la scène française (et ricaine) ces derniers temps. Mais c’est LE groupe qui m’a fait passer la barrière, et une preuve irréfutable qu’on peut être bourrin, technique, puissant et mélodieux en même temps.

Déjà, c’est un groupe complètement à part dans les thèmes abordés. Là où dans le Death classique, on préfère décrire la violence la plus brute avec le vocabulaire le plus explicite saupoudré de provocation antireligieuse et/ou satanique (un registre non accueillant en somme), Gojira lui, aborde des interrogations sur les rapports entre l’Homme et la Nature, ainsi que la suprématie de cette dernière, qui est très bien retranscrite dans leur musique.

Toutefois, si on prend “Magma” leur dernier album en date, est-ce qu’on peut encore qualifier ça comme du Death ? Personnellement je dirai non, car l’atmosphère est complètement différente des codes traditionnels, et on constate aisément l’écart entre leur premier album “Terra Incognita” et celui-ci.

En fait, la discographie de ce groupe est un excellent moyen pour vous indiquer où vous en êtes dans votre acceptation du Death Metal. Et pour ça, il faut parcourir la discographie en remontant le temps.
  • Magma”, comme vous vous en doutez, est l’album où le Death est le moins présent, mais il envoie quand même bien dans la gueule.
  • L’enfant sauvage” et “The way of all Flesh”, où on monte d’un cran dans le Death.
  • From Mars to Sirius” est le bon équilibre entre le Death, le Groove et les tournures progressives.
  • The Link”. A partir de là, vous êtes sur le point de passer la barrière, car l’influence Death Metal commence vraiment à se faire sentir au milieu de l’ambiance mystique de l’ouvrage.
  • “Terra Incognita”. Là, vous avez passé la barrière, félicitations.
Et si vous vous sentez vraiment chauds, vous pouvez vous lancer les démos de Godzilla, à l’époque où Morbid Angel était leur influence majeure (Parce que oui, ils s’appelaient comme ça avant que les sushis leur tapent dessus pour cet odieux plagiat, mais tout le monde le sait maintenant)

Mais peut-être que Gojira c’est pas votre came, mais vous inquiétez pas, il y a d’autres combines.

Andy Rehfeldt

Là, il ne s’agit pas d’un projet solo (ou un groupe avec des tendances egotrip), mais d’une chaîne Youtube.

Le format principal de sa chaîne est le “Radio D!$ney”. Qui consiste à prendre des tracks de metal extrême (y compris le Death) pour en faire des morceaux écoutables par tous (ou pas, des fois les paroles restent telles quelles, ça va pas avec la musique des fois, on s’en branle). Et ca marche bien. Des fois on se surprend à chanter des trucs qui auraient été inaudibles en temps normal, et en général c’est bon signe.

Chantez-moi ça !

Mais l’inverse est également de rigueur chez ce bonhomme. Vous pouvez aussi trouver des chansons totalement mainstream, revisités à la sauce metal extrême ! Après tout, il n’y a pas de raison que le mélange se fasse que dans un seul sens.
Gueulez-moi ça !


Les remixs 8 bit

On ne va pas se mentir (ça se trouve vous le saviez déjà), le metal se fait réarranger à plein de sauces différentes. Et parmi ceux-ci, on y trouve les remixs 8 bit. C’est assez particulier comme façon de faire, et pourtant c’est un véritable travail à fournir pour avoir un remix un minimum qualitatif, d’autant plus que dans le Death les partoches sont vraiment vénères.


Si j’ai choisi ces arrangements, c’est parce que dans un remix 8 bit bien fait, tous les instruments sont pris en compte et le son est nettement plus clair. Ça nous dispense d’aller se faire chier à chercher les partitions pour savoir de quelle manière les mecs ont branlé leur manche.

Et encore, il y a une certaine replay value qui s’en dégage. Il faut juste imaginer un jeu NES avec un boss final bien méchant comme il faut. Vous verrez, ça passe tout seul.
Certains youtubers s’en sont même fait une spécialité. Au pif comme ça, PlayToDie (un frenchy qui plus est) qui a remixé, entre autres, TOUS les albums de Gojira, et qui y fait également des covers de basse.

5h43 de cover, décidément quand on aime...
 
Néanmoins, il se pourrait que vous n’aimez pas trop les arrangements musicaux et vous préférez du concret. Dans ce cas-là, on peut aborder des groupes hybrides qui pourraient faire le café.

Thrash Death

Si vous êtes un habitué de cette vieille époque, vous n’avez pas beaucoup de chemin à faire pour passer la barrière, et si vous êtes fan de Slayer ce sera encore plus facile. D’ailleurs, avant que le Thrash se fasse remplacer par le Death, il y  avait néanmoins des groupes qui avaient volontairement ou non anticipé la transition.

A commencer par Possessed, groupe formé en 1983, c’est-à-dire l’année où la New Wave of British Heavy metal commençait à décliner au profit du Thrash, qui allait passer de genre underground à mainstream. Même si leur sonorités sont très thrash (ils avaient tourné avec Slayer et Venom entre autres, ceci expliquant cela), il y a quand même les tons plus graves que d’habitude, un peu comme une prémonition de ce qui allait se profiler à l’avenir.


Attention, grosse digression en approche

Quand on regarde la discographie de Possessed d’un peu plus près, leur première démo s’appelle “Death Metal”. Une démo sortie en 1984, soit l’année ou le groupe Mantas change de nom pour devenir Death.

Et là, on fait un mindfuck instantané parce qu’on a coutume d’entendre que les origines de ce courant viennent de Death, ce qui peut se comprendre étant donné le nom prédestiné du groupe. Mais du coup, à qui que donc vient l’idée originale basiquement de base ?

Dans le sens le plus strict du terme, c’est bel et bien la démo de Possessed qui a lancé la machine, puisque que c’est cette démo qui a influencé Chuck Schuldiner à faire appeler son groupe Death. Elle a également grandement influencé les gugus d’Xecutionner, qui se renommeront en Obituary quelques années plus tard.

Pour autant, on a beau dire ce qu’on veut, Possessed fait plus Thrash que Death. Il a fallu que d’autres groupes interviennent pour établir les codes et entériner la tendance, et bien évidemment, Death est passé par là en alourdissant le ton, d’où le fait que leur nom soit directement affilié au genre. Mais c’est sans compter sur un groupe venu une paire d’années après qui a amené la forme finale des codes du Death metal qu’on connait, à savoir Morbid Angel. Un groupe qui pour le coup, était le premier à proposer un son aussi bresom sa mère.

En définitive, Possessed était l’élément déclencheur de ce joyeux bordel, mais pour ce qui est du véritable fondateur des codes du Death Metal, il vaut mieux parler d’un rassemblement constitué des groupes évoqués ci-dessus avec chacun leurs arguments. Citer un groupe précis serait très discriminatoire quand on sait à quel point ces derniers se sont renvoyés les influences…

...Le Thrash Death, donc.

Un autre groupe hybride est Vader, formé la même année que Possessed. Qui a commencé en tant que groupe Heavy, puis Thrash, puis qui s’inspire du Death à la fin des années 80, toutefois sans le devenir complètement. D’ailleurs, pour l’histoire, Vader était était considéré comme le “Slayer polonais”, car c’était le premier groupe de metal extrême venant d’Europe de l’Est à exploser.

Le Death sympho


Là, on va changer d’époque et arriver à des groupes beaucoup plus récents. Alors si vous vous y connaissez un minimum en terme de Death sympho, vous allez me caser le dilemme : “Septic Flesh ou Fleshgod Apocalypse ?”. Ce à quoi je répondrai “m’en bats les couilles frère”, comme dirait un artiste contemporain mal vu de la part de beaucoup de mes confrères, mais non moins lucide sur l’utilité de cette question. Ces deux-là, on ne les présente plus, et si je puis donner un conseil en tout bien tout honneur, kiffez la musique au lieu de faire des concours de teubs que vous n’avez pas.

Sérieusement, le Death sympho, c’est bien. Mais quand il y a du concept derrière, ça donne encore plus envie. Et pour cela, 2 groupes me viennent en tête.

Ex Deo, qui fait du death épique en se basant sur l’époque de l’empire romain. On pourrait appeler ça du Romain Metal, après tout pourquoi pas. Ils ont plusieurs albums à leur actif et une carrière générale qui marche assez bien.

Et Gorgon(zola), un groupe beaucoup plus récent (formé en 2013, comparé aux poncifs c’est quand même jeune) et français qui plus est, qui a fait un album concept sur une guerre des dieux grecs du point de vue de Zeus.

Vous aimez God of War ? Bon, vous ne pouvez pas me répondre là tout de suite, mais pour sûr, c’est le cas du Lobbyisé qui a eu forcément un gros coup de cœur pour ce groupe-là.

Le death progressif

A ne pas confondre avec le Death metal technique, qui lui est la véritable combinaison du Death et de la démo technique souvent décriée car trop ressemblante à de la branlette. Même s’il y a un fond de vérité, il n’empêche que c’est une scène vivante avec un bon public.

Le Death progressif, lui, est composé comme du rock progressif, mais avec une sonorité de Death metal. Et évidemment, le World Boss incontesté du genre, c’est Opeth.

Oui, les albums récents c’est du rock prog, et il n’y a pas de growl dedans, certes. Le meme “make Opeth growl again” était assez en vogue fut un temps, mais pas de bol pour eux, c’est pas demain la veille que ce bon vieux Mikael Akerfeldt va recommencer. Et ça se comprend, parce que ce mec avait une maîtrise du growl monstrueuse, à un tel point qu’il a fait aimer le growl chez pas mal de monde.

Étant donné la tournure rock prog des derniers albums, il vaut mieux se focaliser sur les premiers, et en particulier Blackwater Park, qui est absolument cultissime pour de bonnes raisons.


Et enfin, un autre exemple serait Cynic. Un peu dans la même sonorité qu’Opeth, mais plus technique, et donc forcément plus expérimental. En fait, c’est un peu les groupes les plus faciles d’accès que j’ai à vous proposer pour passer la barrière.

Le death mélodique

Si vous vous y connaissez un minimum, vous avez déjà plein de noms qui viennent en tête. Non franchement, vous en avez forcément, faites-moi confiance. Et même si c’est pas totalement l’élément déclencheur qui fera passer la barrière, c’est déjà un bon point de départ.

Pour se mettre dans l'ambiance

Pas trouvé de nom pour cette catégorie-là, mais j'ai mis là-dedans plusieurs animes qui se basent sur du Death metal.

Metalocalypse, un monde où un groupe de Death nommé Dethklok a tellement d'influence qu'ils peuvent se permettre les pires conneries. Parce que faut le dire, c'est quand même une belle bande de branquignoles. En plus, chaque lieu a un nom de groupe de metal extrême (une spéciale pour le supermarché qui s'appelle Finntroll).


Detroit Metal City, l'histoire un péon random qui voulait faire de la musique mainstream, mais qui se retrouve par la force des choses dans un groupe de Death au nom de l'anime. Et malgré ses tentatives pour couper les ponts avec ce groupe, ses skills et son jeu de scène (parfois non voulu) le rend complètement indispensable pour que le groupe fonctionne.

Cela reste avant tout de l'humour, n'allez pas croire que vous pouvez vraiment passer la barrière du Death avec ça. Mais pour aborder la chose de manière plus soft, ça peut aussi marcher.


Alors bien évidemment, les groupes que je vous ai refilés ne constituent que la face émergée de l’Iceberg que constitue les mélanges de Death avec d’autres styles. Mais c’est surtout pour montrer que le Death Metal est un style malgré tout assez vaste, et qui malgré une image effrayante et un ratio d’auditeurs réduit, parvient à avoir une vraie scène active avec des fans dévoués, aussi bien dans le Death tradi que dans l’hybride. (D’ailleurs si vous avez des groupes hybrides à proposer, n’hésitez pas. Ce blog est propice au partage après tout)

Encore une fois, je suis parti du principe que vous êtes suffisamment ouverts d’esprit pour vous lancer. C’est pas facile tous les jours, et moi-même quand j’étais sale môme je ne m’imaginais en aucun cas donner du crédit à ce bordel ambiant. Puis j’ai passé la barrière, et depuis quelques années maintenant je reviens assez souvent sur ce sous-genre là, car j’y ressens des trucs introuvables ailleurs (lenny face intensifies...).

Néanmoins, ce n’est pas parce qu’on a trouvé une spécialité qu’il faut s’y enfermer, je l’ai appris à mes dépends quand j’allais débuter ma vingtaine. J’emmerdais les gens avec ma musique de sauvage, et je l’assumais ouvertement. Évidemment, ça me donnait un certain cachet, mais au bout du compte ça en devenait énervant pour tout le monde. Du coup, au lieu de rester enfermé dans ce que je connaissais déjà en méprisant les gens incapables de me comprendre, je m’en suis servi pour continuer d’explorer en acceptant tout ce qu’on me présentait en terme de musique. Et jusque-là...

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Je ne regrette rieeeeeeeeeeeeeeeeeeeeen...

Du coup, Quel intérêt de franchir la barrière du Death compte tenu de ce résumé ? Et bien vous aussi, vous pouvez y découvrir des groupes qui vous prennent aux tripes, ou même vous fendre la gueule devant des clips ridicules tellement ils se veulent bourrins.
Mais surtout, passer la barrière du Death permet de beaucoup travailler sur votre ouverture d’esprit, et cela peut vous rendre beaucoup plus sensibles à certaines formes d’art. Ou même éveiller votre curiosité en règle générale.

C’est vrai, accepter le Death Metal tel qu’il est vous a conduit à aller au-delà des clichés établis par les gens, et vous faites preuve d’une certaine souplesse pour écouter quelque chose qui se veut particulièrement repoussant à la base. C’est un exercice exigeant et d’autant plus difficile si cette culture vous est étrangère, mais qui a le mérite très bienvenu de travailler sur vous-même et votre perception des choses. Donc oui, ça vaut le coup...Si vous êtes de taille.

L'état des lieux

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