Je sais d’avance que ça
va intéresser peu de monde. Parce que ça va seulement intéresser une communauté
restreinte qui se trouve elle-même à l’intérieur d’une communauté restreinte,
ce qui est quand même assez con pour une tentative de vulgarisation. Mais bon,
j’aime la connerie.
Dans le premier article,
on a déjà dit qu’on se retrouvait dans le metal, à la différence près que j’ai
passé la barrière du death mais ce n’est pas encore le cas pour Gerru. Mais
qu’est-ce que la barrière du death ?
Et bien c’est une
métaphore que je me suis imaginé pour illustrer la capacité ou non d’un
individu à écouter du Death metal en tant que musique et non en tant que mur
sonore dénué d’harmonie. J’aurais pu parler de la barrière du black en
parallèle de ça mais quand on tend l’oreille, le Black est établi selon des
codes pas mal différents du Death. Donc je préfère me concentrer sur le Death,
qui au passage est mon sous-genre favori dans le metal extrême (oui, un
sous-genre dans un sous-genre. On vous a déjà dit que le metal était un bordel
sans nom à classifier ?).
Si je parle de cette
notion relativement bancale avec vous, c’est parce que lorsque l’on parle de
musique en règle générale, il y a énormément de gens réceptifs au metal, voire
même qui sont proches de la barrière, mais qui se sentent perdus lorsqu’il
s’agit d’entrer dans des sous-branches extrêmes, notamment dans le Death. Cela
se voit surtout avec le nombre hallucinant de gens qui s’enjaillent sur du
Death mélodique (Amon Amarth, In Flames, Children of Bodom, Soilwork...Vous
avez forcément des connaissances ayant des familiarités avec ces groupes,
peut-être que vous êtes vous-mêmes directement concernés), mais qui n’y
arrivent plus quand on arrive au Death pur souche.
A contrario, mes
connaissances ayant un faible pour le Death ont du mal à expliquer ce que l’on
trouve dans le Death et pas ailleurs, et à trouver des trucs pour franchir le
pas.
A toutes ces interrogations
et ces zones d’ombre, j’ai fini par toutes les regrouper en une seule
problématique qui résulte d’un blocage, d’où l’appellation de “barrière du
Death”.
Malgré le fait que ce
soit un de mes sous-genres de prédilection, cet article n’a aucune prétention,
et je sais que je me trouve en terrain glissant. Donc voyez cet article plus
comme un sujet à discussion plutôt qu’une écriture sainte (ce qui est mieux
pour tout le monde, les écritures saintes sont mal vues dans le Death au
passage). En fait, voyez-moi juste comme un gars qui cherche à mettre des mots
sur une forme d’art très difficile d’accès. C’est très con comme but, mais
j’aime ça, j’aime la connerie.
Les bases
Tout d’abord, il me
semble judicieux d’expliquer les bases du Death metal. C’est plus facile
d’aborder le machin quand on sait par où on doit commencer. Vous voyez ce que
c’est le Thrash Metal (non, ça ne veut pas dire metal poubelle, bordel de
merde) ? Si vous connaissez un ou des groupes du Big 4 of Thrash,
ou quelconque
groupe de metal un peu énervé des années fin 80, vous avez déjà une bonne idée
du son qui ressort. Ça va vite, c’est bourrin, c’est technique et ça gueule.
Et d’ailleurs, si vous
aimez bien le Thrash, vous n’aurez pas beaucoup de chemin à faire pour passer
au Death, pour l’unique raison que d’un point de vue historique, le Death est
son héritier direct.
En effet, on était à une
époque où les thrasheurs se faisaient la guerre pour savoir qui était le plus
rapide et le plus chanmé avec son manche (j’espère que ça valait que pour la
musique…)
“Dans le Thrash regarde
les branleurs faire la guerre”
Et le Death consistait
justement à monter encore d’un cran dans la vitesse, et à faire un son encore
plus grave pour avoir l’air bien “evil sa mère”.
La démarche était donc
toute trouvée. Pour décrire les instruments, on a des grattes accordées en très
grave qui se font maltraiter, une batterie à 2 grosses caisses avec un batteur
fan de blast beats (et de Sonic aussi…), et un chanteur qui growle en règle
générale (oui il chante, c’est juste que leurs gammes sont à l’image de leur
grattes).
Et pour bien montrer que
le Death va plus vite que les autres, une bonne partie des tracks de Death
Metal fixent le tempo à 240 bpm, soit le rythme maximal de la plupart des
métronomes (heureusement ils ne sont pas tous comme ça, même si on finit par y
prendre goût).
Donc pour résumer, c’est
encore plus violent, ça va encore plus vite (c’est encore plus technique par
extension) et on comprend à peine ce que ce putain de chanteur essaie de nous
gueuler.
Oui, d’une certaine
façon on peut dire que les deatheux ont tout fait pour nous dégoûter de ce
style, et quand on regarde le nombre d’auditeurs de Death par rapport au nombre
total de talleux, ils ont bien réussi leur coup.
Mais vous vous doutez
bien que si je vous en parle malgré tout son aspect repoussant, c’est qu’il y a
des trucs sympas là-dedans. Et pour le coup je ne sais pas si je fais preuve de
bon ou de mauvais goût en parlant de cela, parce que malgré des préférences
musicales communément admises comme “bonnes” dans la communauté des rejetons de
Satan, je ne compte plus le nombre de gens que j’ai emmerdés avec ce
sous-genre.
Comment prendre ses
marques
Mais du coup, comment on
fait pour aborder une musique en apparence plus bordélique que ce qu’on a
l’habitude d’écouter ? Et bien, y’a pas 36 solutions, c’est avant-tout une
question d’ouverture d’esprit.
Comme je l’ai dit tout à
l’heure, on est sur une musique avec un rythme très élevé et un don par moment
à la limite de l’audible, mais ce sont les codes établis tels quels, et pour
autant il ne faut pas s’offusquer pour le simple fait que c’est trop violent et
que c’est joué trop vite.
Ce n’est peut-être pas
votre kiff et c’est tout à votre honneur de dire que vous n’aimez pas, mais
dire que le Death est de la merde à cause de ses codes ne vous fait en aucun
cas marquer des points puisque vous enfoncez des portes ouvertes.
Un peu comme si les gens
disaient qu’ils aiment pas la techno parce que ça fait boum boum dans les
oreilles, ou qu’ils aiment pas le rap parce que ça chante pas et que c’est
vulgaire.
C’est. Le. But. C’est
vous qui devez vous adapter à l’oeuvre et non l’inverse, et c’est d’autant plus
vrai quand on aborde des genres musicaux underground.
Maintenant que ce point
est clairement énoncé, on peut essayer de se fixer des points de repère pour
décrypter tout ce merdier.
D’une part, la basse.
Oui oui, cette gratte plus grosse que les autres que les ignorants n’entendent
pas (ou qui refusent de l’entendre, au choix). Et bien ça à l’air tout con,
mais c’est certainement l’instrument qu’on entend le plus clairement dans le
Death. Et en même temps c’est pas compliqué, les guitares sont accordées très
bas et bien souvent saturées à fond. Et le plus souvent, la basse suit la
guitare rythmique, donc je pense que la basse est un bon point de départ pour
commencer à démêler tout ça.
Au passage, dans le
Death en règle générale, c’est assez difficile de comprendre la structure des
morceaux si on écoute que les grattes. Si vous voulez un exemple, prenez un
morceau de Meshuggah, n’importe lequel, et vous enlevez la basse...Ben on
entend juste un son ultra saturé mais pas de mélodie, et on en revient au
bordel déjà évoqué tout à l’heure. Au contraire, amplifiez la basse et vous serez un peu plus lucide sur la musique.
Et en slapé, s'il vous plait
Et pour vous faire une
confidence, la basse est la principale raison qui m’a fait aimer Deicide.
Autant le fait que Glenn Benton (le leader) soit à la fois le bassiste et le
chanteur je m’en latte les burnes, mais les partitions de basses sont vraiment
cools, aussi bien à écouter qu’à bosser (si par un hasard de la nature des
bassistes seraient en train de me lire).
Une fois que vous aurez
passé ce cap, il faut ensuite décortiquer le reste des instruments un à un.
Alors oui, en général, on a l’habitude d’entendre tous les instruments d’un
coup pour tenter d’ordonner le tout. Mais c’est comme essayer de démêler une
boule de nœuds d’un seul coup et à pleine mains. C’est marrant au début, mais
ça fait pas avancer le schmilblick.
Alors que si on commence
fil par fil, ça prend plus de temps, mais on est sûr de tout séparer à la fin.
C’est un peu la même chose pour le Death, étant donné que c’est une musique
bordélique par principe, il faut séparer chaque instrument pour que tout
s’éclaire.
Toutefois, même en
abordant tout l’aspect instrumental, j’ai oublié de traiter un point qui est
pourtant une des plus grandes causes de blocage : le chant.
“Comment on peut trouver
ça beau ?”, “Pourquoi ça et rien d’autre ?”, “T’es sûr qu’il est pas en train
de dégueuler en même temps ?”. Telles sont les questions qui sont les plus
souvent posées par les gens lambdas (ou même des talleux qui n’ont pas passé la
barrière) quand il s’agit d’aborder le “growl”, le chant guttural par défaut du
Death. Mais vu que je suis un partisan du mauvais goût, je vais tenter très
grossièrement d’expliquer ce que je trouve de beau là-dedans (notez que je suis
objectif, mais seulement envers moi-même).
Dans un premier temps,
il faut voir le growl comme une technique de chant à part entière. Pour
expliquer TRÈS grossièrement ce qui se passe, le chanteur fait en sorte
d’augmenter la pression causée par la circulation de l’air dans le larynx. Étant donné que le larynx ne peut pas supporter une pression trop forte, il va
répartir le débit d’air sur l’ensemble des cordes vocales. Du coup, les cordes
vocales vibrent beaucoup moins vite, et par extension, la fréquence de la voix
est beaucoup moindre, et ça fait un grosse voix bien dégueulasse qui fait peur.
Et dans un second temps
(ça peut surprendre pas mal de monde), si on veut bien chanter en growl, il
faut d’abord bien chanter tout court, car les tonalités de growl sont beaucoup
plus précises (oui, il y a des tonalités dans le growl, qu’on le veuille ou non)
et les risques sont moins grands, voui voui.
Une discipline extrême
implique forcément de prendre des risques, et le chant guttural n’y fait pas
exception. Dans notre cas, un bonhomme qui connait les bails et qui a une bonne
maîtrise de son organe sait prendre les bonnes dispositions pour ne pas
flinguer ce dernier (je parle de sa voix). Et pour les boeufs qui growl pour
cacher le fait qu’ils ne savent pas chanter, leur carrière n’est jamais très
longue.
Donc finalement le growl
et le chant, c’est le même combat. Ca s’apprend, ça se maîtrise, et les deux
sont totalement compatibles. Mikael Akerfeldt, leader d’Opeth et ex-Bloodbath
en est l’exemple vu et revu mais très évocateur.
Pour autant, on n’a pas
encore répondu à la question du pourquoi on trouverait ça beau. Pour ma part je
répondrai que c’est le chant qui sied le mieux à ce genre de musique.
C’est vrai, tout n’est
que brutalité dans les sons, les thèmes abordés sont tous plus violents les uns
que les autres (la mort et la destruction régnant en maîtres), bref c’est du
metal extrême dans toute sa splendeur, et il faut un chant qui corresponde à
cette atmosphère abyssale : le growl était donc tout trouvé. Le choix est
d’autant plus judicieux car le growl a ce quelque chose de bestial, voire démoniaque
qui colle parfaitement à la démarche artistique adoptée par le genre.
Et utiliser une autre
forme de chant pourrait couper la brutalité qu’on recherche. C’est vrai, à quoi
sert un chant heavy dans une atmosphère bourrine et macabre ? Peut-être que des
groupes de ce genre existent, pour autant j’aurai beaucoup de mal à associer ce
chant-là à du pur Death. D’ailleurs l’inverse est également discutable : à quoi
sert un chant growlé dans du pur Heavy ? Je vous laisse prendre le temps d’y
réfléchir.
Alors évidemment,
concernant le growl, les principaux reproches qu’on peut faire à ce genre de
chant est que toutes les voix se ressemblent et que la tessiture soit très
limitée, ce qui est vrai car même s’il y a autant de growls que de voix
différentes, la plupart des différences sont indicibles si on n’y fait pas
attention. Pourtant, la différence est notable entre un bon growleur et un
mauvais : tout est dans sa capacité à se faire passer pour un monstre sans
faire douter un seul instant qu’il peut avoir une voix normale. Et à ce
compte-là, un mauvais growleur se fait très vite griller.
En parallèle, peut-être
que chanter en clair parle à beaucoup plus de monde, pour autant il ne faut pas
prendre ce style comme une sécurité sociale. Un chant mainstream implique
d’avoir un certain niveau si on cherche à se démarquer du lot. Rassurez-vous
quand même, les mauvais growleurs se reconnaissent, et ces mecs sont pénibles à
entendre, mais les mauvais chanteurs heavy sont encore pire.
Voilà. Ce ne sont que
quelques points de repères, mais cela peut vous permettre de mieux accepter le
Death tel qu’il est, en partant du principe que vous êtes suffisamment curieux
et ouverts d’esprit pour vous lancer, bien entendu.
Mais je vous vois venir
en me disant que commencer par le Death sans préliminaire c’est quand même
brutal, et je suis complètement d’accord (y compris hors contexte). Pour ma
part ça fait près d’une dizaine d’années que je me suis lancé dans le metal,
mais ça fait seulement depuis 2015 que j’ai passé la barrière du Death. Donc il
s’est quand même passé un bon bout de temps. Cependant, j’imagine que vous
n’avez pas autant de temps à perdre. Donc je peux vous filer des tuyaux pour
vous aider à franchir la barrière.
Des pistes pour
s’initier
Je préfère commencer par
mon expérience personnelle, comme ça c’est dit :
Gojira
Oui, c’est pas super
original quand on sait à quel point ces gugus squattent la scène française (et
ricaine) ces derniers temps. Mais c’est LE groupe qui m’a fait passer la barrière,
et une preuve irréfutable qu’on peut être bourrin, technique, puissant et
mélodieux en même temps.
Déjà, c’est un groupe
complètement à part dans les thèmes abordés. Là où dans le Death classique, on
préfère décrire la violence la plus brute avec le vocabulaire le plus explicite
saupoudré de provocation antireligieuse et/ou satanique (un registre non
accueillant en somme), Gojira lui, aborde des interrogations sur les rapports
entre l’Homme et la Nature, ainsi que la suprématie de cette dernière, qui est
très bien retranscrite dans leur musique.
Toutefois, si on prend
“Magma” leur dernier album en date, est-ce qu’on peut encore qualifier ça comme
du Death ? Personnellement je dirai non, car l’atmosphère est complètement
différente des codes traditionnels, et on constate aisément l’écart entre leur
premier album “Terra Incognita” et celui-ci.
En fait, la discographie
de ce groupe est un excellent moyen pour vous indiquer où vous en êtes dans
votre acceptation du Death Metal. Et pour ça, il faut parcourir la discographie
en remontant le temps.
- “Magma”, comme vous vous en doutez, est l’album où le Death est le moins présent, mais il envoie quand même bien dans la gueule.
- “L’enfant sauvage” et “The way of all Flesh”, où on monte d’un cran dans le Death.
- “From Mars to Sirius” est le bon équilibre entre le Death, le Groove et les tournures progressives.
- “The Link”. A partir de là, vous êtes sur le point de passer la barrière, car l’influence Death Metal commence vraiment à se faire sentir au milieu de l’ambiance mystique de l’ouvrage.
- “Terra Incognita”. Là, vous avez passé la barrière, félicitations.
Et si vous vous sentez
vraiment chauds, vous pouvez vous lancer les démos de Godzilla, à l’époque où
Morbid Angel était leur influence majeure (Parce que oui, ils s’appelaient
comme ça avant que les sushis leur tapent dessus pour cet odieux plagiat, mais
tout le monde le sait maintenant)
Mais peut-être que
Gojira c’est pas votre came, mais vous inquiétez pas, il y a d’autres combines.
Andy Rehfeldt
Là, il ne s’agit pas
d’un projet solo (ou un groupe avec des tendances egotrip), mais d’une chaîne
Youtube.
Le format principal de
sa chaîne est le “Radio D!$ney”. Qui consiste à prendre des tracks de metal
extrême (y compris le Death) pour en faire des morceaux écoutables par tous (ou
pas, des fois les paroles restent telles quelles, ça va pas avec la musique des
fois, on s’en branle). Et ca marche bien. Des fois on se surprend à chanter des
trucs qui auraient été inaudibles en temps normal, et en général c’est bon
signe.
Mais l’inverse est
également de rigueur chez ce bonhomme. Vous pouvez aussi trouver des chansons
totalement mainstream, revisités à la sauce metal extrême ! Après tout, il n’y
a pas de raison que le mélange se fasse que dans un seul sens.
Gueulez-moi ça !
Les remixs 8 bit
On ne va pas se mentir
(ça se trouve vous le saviez déjà), le metal se fait réarranger à plein de
sauces différentes. Et parmi ceux-ci, on y trouve les remixs 8 bit. C’est assez
particulier comme façon de faire, et pourtant c’est un véritable travail à
fournir pour avoir un remix un minimum qualitatif, d’autant plus que dans le
Death les partoches sont vraiment vénères.
Si j’ai choisi ces
arrangements, c’est parce que dans un remix 8 bit bien fait, tous les
instruments sont pris en compte et le son est nettement plus clair. Ça nous
dispense d’aller se faire chier à chercher les partitions pour savoir de quelle
manière les mecs ont branlé leur manche.
Et encore, il y a une
certaine replay value qui s’en dégage. Il faut juste imaginer un jeu NES avec
un boss final bien méchant comme il faut. Vous verrez, ça passe tout seul.
Certains youtubers s’en
sont même fait une spécialité. Au pif comme ça, PlayToDie (un frenchy qui plus
est) qui a remixé, entre autres, TOUS les albums de Gojira, et qui y fait
également des covers de basse.
5h43 de cover, décidément quand on aime...
Néanmoins, il se
pourrait que vous n’aimez pas trop les arrangements musicaux et vous préférez
du concret. Dans ce cas-là, on peut aborder des groupes hybrides qui pourraient
faire le café.
Thrash Death
Si vous êtes un habitué
de cette vieille époque, vous n’avez pas beaucoup de chemin à faire pour passer
la barrière, et si vous êtes fan de Slayer ce sera encore plus facile.
D’ailleurs, avant que le Thrash se fasse remplacer par le Death, il y
avait néanmoins des groupes qui avaient volontairement ou non anticipé la
transition.
A commencer par
Possessed, groupe formé en 1983, c’est-à-dire l’année où la New Wave of British
Heavy metal commençait à décliner au profit du Thrash, qui allait passer de
genre underground à mainstream. Même si leur sonorités sont très thrash (ils
avaient tourné avec Slayer et Venom entre autres, ceci expliquant cela), il y a
quand même les tons plus graves que d’habitude, un peu comme une prémonition de
ce qui allait se profiler à l’avenir.
Attention, grosse
digression en approche
Quand on regarde la
discographie de Possessed d’un peu plus près, leur première démo s’appelle
“Death Metal”. Une démo sortie en 1984, soit l’année ou le groupe Mantas change
de nom pour devenir Death.
Et là, on fait un
mindfuck instantané parce qu’on a coutume d’entendre que les origines de ce
courant viennent de Death, ce qui peut se comprendre étant donné le nom
prédestiné du groupe. Mais du coup, à qui que donc vient l’idée originale
basiquement de base ?
Dans le sens le plus
strict du terme, c’est bel et bien la démo de Possessed qui a lancé la machine,
puisque que c’est cette démo qui a influencé Chuck Schuldiner à faire appeler
son groupe Death. Elle a également grandement influencé les gugus
d’Xecutionner, qui se renommeront en Obituary quelques années plus tard.
Pour autant, on a beau
dire ce qu’on veut, Possessed fait plus Thrash que Death. Il a fallu que
d’autres groupes interviennent pour établir les codes et entériner la tendance,
et bien évidemment, Death est passé par là en alourdissant le ton, d’où le fait
que leur nom soit directement affilié au genre. Mais c’est sans compter sur un
groupe venu une paire d’années après qui a amené la forme finale des codes du Death metal qu’on connait, à savoir Morbid Angel. Un groupe qui pour le coup,
était le premier à proposer un son aussi bresom sa mère.
En définitive, Possessed
était l’élément déclencheur de ce joyeux bordel, mais pour ce qui est du
véritable fondateur des codes du Death Metal, il vaut mieux parler d’un
rassemblement constitué des groupes évoqués ci-dessus avec chacun leurs
arguments. Citer un groupe précis serait très discriminatoire quand on sait à
quel point ces derniers se sont renvoyés les influences…
...Le Thrash Death, donc.
Un autre groupe hybride
est Vader, formé la même année que Possessed. Qui a commencé en tant que groupe
Heavy, puis Thrash, puis qui s’inspire du Death à la fin des années 80,
toutefois sans le devenir complètement. D’ailleurs, pour l’histoire, Vader
était était considéré comme le “Slayer polonais”, car c’était le premier groupe
de metal extrême venant d’Europe de l’Est à exploser.
Le Death sympho
Là, on va changer
d’époque et arriver à des groupes beaucoup plus récents. Alors si vous vous y
connaissez un minimum en terme de Death sympho, vous allez me caser le dilemme
: “Septic Flesh ou Fleshgod Apocalypse ?”. Ce à quoi je répondrai “m’en bats
les couilles frère”, comme dirait un artiste contemporain mal vu de la part de
beaucoup de mes confrères, mais non moins lucide sur l’utilité de cette
question. Ces deux-là, on ne les présente plus, et si je puis donner un conseil
en tout bien tout honneur, kiffez la musique au lieu de faire des concours de
teubs que vous n’avez pas.
Sérieusement, le Death
sympho, c’est bien. Mais quand il y a du concept derrière, ça donne encore plus
envie. Et pour cela, 2 groupes me viennent en tête.
Ex Deo, qui fait du
death épique en se basant sur l’époque de l’empire romain. On pourrait appeler
ça du Romain Metal, après tout pourquoi pas. Ils ont plusieurs albums à leur
actif et une carrière générale qui marche assez bien.
Et Gorgon(zola), un
groupe beaucoup plus récent (formé en 2013, comparé aux poncifs c’est quand
même jeune) et français qui plus est, qui a fait un album concept sur une
guerre des dieux grecs du point de vue de Zeus.
Vous aimez God of War ?
Bon, vous ne pouvez pas me répondre là tout de suite, mais pour sûr, c’est le
cas du Lobbyisé qui a eu forcément un gros coup de cœur pour ce groupe-là.
Le death progressif
A ne pas confondre avec
le Death metal technique, qui lui est la véritable combinaison du Death et de
la démo technique souvent décriée car trop ressemblante à de la branlette. Même
s’il y a un fond de vérité, il n’empêche que c’est une scène vivante avec un
bon public.
Le Death progressif,
lui, est composé comme du rock progressif, mais avec une sonorité de Death
metal. Et évidemment, le World Boss incontesté du genre, c’est Opeth.
Oui, les albums récents
c’est du rock prog, et il n’y a pas de growl dedans, certes. Le meme “make
Opeth growl again” était assez en vogue fut un temps, mais pas de bol pour eux,
c’est pas demain la veille que ce bon vieux Mikael Akerfeldt va recommencer. Et
ça se comprend, parce que ce mec avait une maîtrise du growl monstrueuse, à un
tel point qu’il a fait aimer le growl chez pas mal de monde.
Étant donné la tournure
rock prog des derniers albums, il vaut mieux se focaliser sur les premiers, et
en particulier Blackwater Park, qui est absolument cultissime pour de bonnes
raisons.
Et enfin, un autre
exemple serait Cynic. Un peu dans la même sonorité qu’Opeth, mais plus
technique, et donc forcément plus expérimental. En fait, c’est un peu les groupes
les plus faciles d’accès que j’ai à vous proposer pour passer la barrière.
Le death mélodique
Si vous vous y
connaissez un minimum, vous avez déjà plein de noms qui viennent en tête. Non
franchement, vous en avez forcément, faites-moi confiance. Et même si c’est pas
totalement l’élément déclencheur qui fera passer la barrière, c’est déjà un bon
point de départ.
Pour se mettre dans l'ambiance
Pas trouvé de nom pour cette catégorie-là, mais j'ai mis là-dedans plusieurs animes qui se basent sur du Death metal.
Metalocalypse, un monde où un groupe de Death nommé Dethklok a tellement d'influence qu'ils peuvent se permettre les pires conneries. Parce que faut le dire, c'est quand même une belle bande de branquignoles. En plus, chaque lieu a un nom de groupe de metal extrême (une spéciale pour le supermarché qui s'appelle Finntroll).
Detroit Metal City, l'histoire un péon random qui voulait faire de la musique mainstream, mais qui se retrouve par la force des choses dans un groupe de Death au nom de l'anime. Et malgré ses tentatives pour couper les ponts avec ce groupe, ses skills et son jeu de scène (parfois non voulu) le rend complètement indispensable pour que le groupe fonctionne.
Cela reste avant tout de l'humour, n'allez pas croire que vous pouvez vraiment passer la barrière du Death avec ça. Mais pour aborder la chose de manière plus soft, ça peut aussi marcher.
Alors bien évidemment,
les groupes que je vous ai refilés ne constituent que la face émergée de
l’Iceberg que constitue les mélanges de Death avec d’autres styles. Mais c’est
surtout pour montrer que le Death Metal est un style malgré tout assez vaste,
et qui malgré une image effrayante et un ratio d’auditeurs réduit, parvient à
avoir une vraie scène active avec des fans dévoués, aussi bien dans le Death
tradi que dans l’hybride. (D’ailleurs si vous avez des groupes hybrides à
proposer, n’hésitez pas. Ce blog est propice au partage après tout)
Encore une fois, je suis
parti du principe que vous êtes suffisamment ouverts d’esprit pour vous lancer.
C’est pas facile tous les jours, et moi-même quand j’étais sale môme je ne
m’imaginais en aucun cas donner du crédit à ce bordel ambiant. Puis j’ai passé
la barrière, et depuis quelques années maintenant je reviens assez souvent sur
ce sous-genre là, car j’y ressens des trucs introuvables ailleurs (lenny face
intensifies...).
Néanmoins, ce n’est pas
parce qu’on a trouvé une spécialité qu’il faut s’y enfermer, je l’ai appris à
mes dépends quand j’allais débuter ma vingtaine. J’emmerdais les gens avec ma
musique de sauvage, et je l’assumais ouvertement. Évidemment, ça me donnait un
certain cachet, mais au bout du compte ça en devenait énervant pour tout le
monde. Du coup, au lieu de rester enfermé dans ce que je connaissais déjà en
méprisant les gens incapables de me comprendre, je m’en suis servi pour
continuer d’explorer en acceptant tout ce qu’on me présentait en terme de
musique. Et jusque-là...
Je ne regrette rieeeeeeeeeeeeeeeeeeeeen...
Du coup, Quel intérêt de
franchir la barrière du Death compte tenu de ce résumé ? Et bien vous aussi,
vous pouvez y découvrir des groupes qui vous prennent aux tripes, ou même vous
fendre la gueule devant des clips ridicules tellement ils se veulent bourrins.
Mais surtout, passer la
barrière du Death permet de beaucoup travailler sur votre ouverture d’esprit,
et cela peut vous rendre beaucoup plus sensibles à certaines formes d’art. Ou
même éveiller votre curiosité en règle générale.
C’est vrai, accepter le
Death Metal tel qu’il est vous a conduit à aller au-delà des clichés établis
par les gens, et vous faites preuve d’une certaine souplesse pour écouter
quelque chose qui se veut particulièrement repoussant à la base. C’est un
exercice exigeant et d’autant plus difficile si cette culture vous est
étrangère, mais qui a le mérite très bienvenu de travailler sur vous-même et votre perception des choses. Donc oui, ça vaut le coup...Si vous êtes de taille.
Dans Metalocalypse, y'a surtout un un McDonald qui s'appelle le Dimmu Burger ^^
RépondreSupprimerSi c'était une série française y'aurait eu le Craddle of Frites.
SupprimerIl faut absolument éviter les débuts en disant " De toute façon tout le monde s'en fout". Ca coupe toute envie au lecteur. Mais j'ai poussé au bout, tout de même.
RépondreSupprimerL'idée au départ est bonne, pourquoi ne pas vouloir partager ton amour pour cette musique aux autres en leur donnant des clefs d'écoutes ? C'est louable. Cependant, je pense que tu rates un point important ( qui semble implicite sur tout le long de l'article cependant ), c'est l'habitude. Au delà des préjugés et des éléments musicaux qui peuvent rebuter, il y a une habitude de l'oreille à avoir, c'est normal que les gens n'aiment pas ça, ils n'en n'ont aucunement l'habitude. Je suis sûr que si je te faisais écouter de la musique sérielle ou spectracle ce serait le même résultat. On a une oreille tonale, basée sur un répertoire majoritairement consonnant ( pour ça qu'on aime Mozart, c'est beau, clair, on sait où on va et d'où on part), ce qui donne obligatoirement une sensation désagréable à l'oreille profane, car brisant tous ces codes d'une façon ou d'une autre, entraînant donc, un refus, plus ou moins fort.
Y a des exceptions toujours hein ( mon troisième groupe de Metal a été Cannibal Corpse après quelques mois à n'écouter que Slipknot et Marylin Manson, et j'ai de suite adoré, y a une prédisposition au moins partielle, je pense.) Enfin, en plus de cette habitude de l'oreille ( impossible de comprendre complètement et de savourer pleinement Portal sans plusieurs écoutes, même avec une oreille habituées) il y a ce que je nommerais par "état d'esprit" dans l'idée qu'il faut accepter beaucoup de choses et remettre en cause beaucoup de standards plus largement acceptés ( les voix claires par exemple) afin d'entrer dans un univers qui exprime des choses bien différentes d'une musique populaire ou de groupes de metal non extrême ( basiquement, le death, le black ou le grindcore ont des discours "négatifs" en majorité, ce qui n'est pas le cas de bon nombres de groupes.) de cette façon, le Death metal doit être pris avec son emballage et sa façon de penser, qui permet de l'aimer.
Je vsuis aussi en grand désaccord avec tes clefs d'écoutes ahaha, il me semble que prendre séparément les instruments dans une oeuvre qui se veut cohérente et unie c'est dénaturer le son et contourner les problèmes. La voix et le jeu très rapide et violent sont les éléments les plus problématiques pour l'appréciation de ce genre de musique. Il me semble qu'il faut utiliser des groupes passerelles comme quand on commence le Metal en général. Je pense notamment à Arch Enemy qui offre un discours accessible à tous, une musique avec des repères facilement identifiables (formes couplets/refrains) et des sonorités plus passent partout, de belles mélodies mais aussi des passages de rage ( que les gens associent souvent au metal). Il veut s'adapter aux désirs de chacun en pointant le bon groupe pour chaque personne. Le death est infiniment vaste et il y a toujours de quoi faire. Mais il faut bien choisir et surtout sortir de ses propres goûts. Pour moi, Nasum c'est accessible, mais pour la majorité des gens, non, ça ne l'est pas. Encore cette histoire d'habitude.
J'ajouterais que parler des origines de Possessed et de Death n'est en rien une digression puisque ça permet de clarifier un mouvement mal connu en donnant quelques anecdotes et une partie de concept ( en fait je dis surtout ça parce que je déplore la non présence de Napalm Death qui a plus ou moins été l'étincelle qui a fait exploser le metal extrême dans sa globalité, par le grindcore mais aussi pas le death puis le black après la mort du Death). En bref tu exposes bien trop tes goûts ( c'est pas facile non plus, tu parles dans une globalité, pas à une personne en particulier).
RépondreSupprimerJE finirai par une petite touche presque méchante, c'est l'inutilité de s'attarder sur des remix 8-bit (j'ai failli écrire D-beat ahaha, la personne visée comprendra) ou Disney. Ce sont des passages anecdotiques qui ne servent pas ton propos ( même si ça donne une image, pas si fausse que ça, d'un humour latent dans ce genre qu'on retrouve moins dans d'autres franges du metal) et ça n'aide en rien à comprendre et entrer dans le truc. En clair, deux mots d'ordre COMPRENDRE et ACCEPTER pour bien saisir le tout. C'est un vrai travailmine de rien.