Après vous avoir laissé en plan avec la 1ère partie de l'article qui consistait à expliquer pourquoi Dark Souls 2 était moins bien (en essayant de ne pas tomber dans la comparaison facile, libre à vous de me dire si ça a été le cas), il est temps de le sortir du bourbier dans lequel il git depuis 2 semaines pour le passer gentiment au karcher.
Du coup, qu’est-ce qui marche mieux ?
Le gameplay
On va commencer par là.
Même si dans l’ensemble les gameplays de tous les Souls se ressemblent tous, on
a néanmoins des ajouts assez plaisants qui se sont greffés à ce qu’on a déjà
connu.
Et je dois avouer que le premier truc qui était vraiment cool, c'était la vitesse des combats qui a monté d'un cran. Bien évidemment, on n'est pas arrivé à un niveau Bloodbornien. Mais on sent bien que notre perso a enlevé du lest à ses semelles de plomb, et ça se ressent d'autant plus lorsqu'on utilise des armes lourdes. Et rien que pour le PvP, ça valait le coup d'accélérer un peu tout ça, mais j'y reviendrai.
Ensuite, les
maléfices. Ce genre de sorts est assez singulier car c’est une union de la
sorcellerie et des miracles (d’où la nécessité d’avoir une intel et une foi
élevée pour avoir les maléfices les plus pétés). D’une, c’est quelque chose qui
n’était pas dans DS1, et en plus ça permet d’étendre encore plus les
possibilités des classes magiques, et à terme la diversité des sorts est
quasiment aussi vaste que les armes, et rien que ça, c’est cool.
La Power Stance. C’est
une notion qu’on ne voit que dans DS2, et même si ce n’est pas une
amélioration fondamentale du gameplay, elle apporte son quelque chose qui fait
plaisir.
La Power Stance consiste à attaquer avec 2 armes en même temps, si si.
Néanmoins, cette technique nécessite certains prérequis :
- Les armes en question doivent être de la même catégorie (une épée et une dague ne marchent pas, en revanche 2 dagues, 2 épées, 2 fouets, ou même 2 ultra espadons fonctionnent)
- Les stats nécessaires sont égales aux stats requises les plus élevées augmentées de moitié des armes en question (la stat requise la plus élevée en force des deux armes est de 20, et la dex la plus élevée de 10, il faudra donc 30 en force et 15 en dex pour permettre la Power Stance. L’Intel et la foi peuvent également être concernées)
Quand vous aurez réuni ces 2 conditions, vous prenez les armes et vous
faites comme si vous vouliez faire passer votre arme en main gauche à 2 mains.
Et là, votre perso adoptera une posture un peu différente, et les attaques de main
gauche se changent en attaques simultanées qui bouffent votre endu à grande
vitesse, mais qui augmente proportionnellement votre DPS.
Dit comme ça, vous
pouvez me dire “il y a les armes jumelles dans DS3” et vous avez raison,
mais ce sont des paires de lames déjà définies, donc dépourvues de ce côté “do
it yourself” qui donnent lieu à des combinaisons complètement débiles, mais
foutrement jouissives.
Exemple de Power Stance débile mais bandante, manifestement dans cette
notion ces 2 termes se développent de concert
Mon personnage
force/intel se base là-dessus, le but que je me suis fixé est de faire une
Power Stance avec des épées du fondeur. Du coup, mon perso trimballe dans
chaque main une épée anormalement grande pour lui, et une attaque puissante
simultanée crée un échantillon d’enfer sur Terre. C’est débile, mais je m’éclate
à jouer comme ça. Mais là où la PS se révèle réellement, c’est lors du PVP où
on peut voir de tout et n’importe quoi. Et je me souviens encore d’un double
fouet saignement/poison qui m’avait foutu une grosse raclée à l’époque. Donc
finalement, derrière ses airs d’ajout gadget, c’est un aspect vraiment sympa
qui aide à casser la monotonie du gameplay (c’est certainement pour cette
raison que la classe bretteur existe, quand on y pense). Si on n’aurait pas eu
ça, la créativité n’aurait pas été aussi profuse de mon humble avis.
Également, la crafting a
été simplifié. Mais attention, pas simplifié dans le genre casualisation
décérébrée, là les upgrades sont BEAUCOUP plus instinctives que dans le 1er.
Ici l’arbre de boost est le suivant :
Arme normale : Fragments
=> G. fragments => éclats => Tablette de titanite
Arme unique : Titanites
scintillantes
Arme de boss : Os de dragon pétrifiés
Et l’infusion
élémentaire se fait en utilisant des pierres ayant l’élément associé, et
l’effet est réversible par l’intermédiaire d’une pierre pâle (en sachant que ça
ne modifie pas le niveau de l’arme).
Si on compare à avant,
on a ça :
Regardez comme c'est simple !
En gros :
Arme normale : Titanites
Arme draconique :
écailles de dragon
Arme unique : Titanites
scintillantes
Arme de boss : (Arme +10
+ âme de boss) puis Titanites de démon
Arme magique/divine/de
feu : Arme +5 puis Titanites vertes puis Titanites bleues/blanc/rouges
Et je ne parle même pas
des braises pour atteindre les niveaux max ainsi que les forgerons qui font
uniquement certains types de boost. Alors certains pourraient être offusqués
car ce modèle de craft est quand même assez riche, mais comparé à l’autre, ça
force à farmer donc c’est chronophage, ça irrite, et à certains moments on
n’est pas convaincu de notre investissement. Donc oui, la simplicité c’est cool
des fois.
Le New Game +. Là où DS1
se contente de garder les mêmes ennemis en plus forts et d’avoir des zones
secrètes débloquées, le 2 propose non seulement de les rendre plus forts, mais
en plus de rajouter des ennemis, leur donner des attaques en plus à leur
moveset, et même certains boss qui s'avèrent plus durs que prévu. En plus,
certains objets introuvables auparavant peuvent être trouvés et/ou transcendés
en NG+ (cf. la Lune Bleue). Donc finalement, le reproche fait précédemment
d’un jeu moins exigeant se tiendrait, mais seulement en NG. Car passé ce stade,
il est clairement évident que le challenge n’est plus le même.
L’optimisation
Ca parait tout con,
hein. Tout le monde a jouit aux temps de chargement ultra courts de DS3,
mais entre le premier opus et celui-là il s’est quand même passé quelque chose
entretemps. Et ouais, c’était bien DS2 qui a fait en sorte qu’entre
chaque mort, on reparte se friter quasiment instantanément. Et ça a l’air d’un
détail comme ça, mais quand on enchaîne les morts dans je ne sais quel endroit,
ça fait beaucoup moins de temps mort à supporter et c’est bien moins frustrant
pour progresser.
On sera d’accord sur le
fait que tout le monde lèche les pieds de DS1 (et à raison d’ailleurs)
sauf que les gens oublient assez souvent que le jeu rame bien comme il faut à
certains endroits, et assez souvent dans les moments où il faut pas. Mais si,
ceux qui y ont joué, vous avez certainement eu des morts que vous pouvez
totalement éviter si vous n’aviez pas eu cette putain de chute de FPS à ce
moment précis où vous étiez dos au mur. Et malheureusement, ce motif de mort
constitue à peu près 20% du décompte total de décès recensés.
Dans DS2, à aucun
moment je ne me souviens d’avoir clamsé à cause d’un affichage qui se casse la
gueule. Et c’est d’autant plus appréciable quand on sait que le principe même
du jeu est de rester constamment à l’article de la Mort.
Le multi
Tous ceux qui ont fait DS2
sont unanimes : la part de multi dans ce jeu est clairement plus importante
que dans DS1, et carrément mieux pensée. On retrouve le principe de
marque d’invocation qui permet la coopération (ou bien le PvP), sauf que dans
cet épisode, le multi fonctionne très bien. Les lags ne sont dues qu’à la
connexion, le temps d’invocation dépasse rarement 10 secondes, vous ne pouvez
interagir qu’avec des gens ayant un écart relativement proche de votre
niveau/mémoire d’âmes et si vous ne souhaitez jouer qu’entre vous, Shalquoir
vend un anneau-cartouche servant de mot de passe pour vous réunir vous et
seulement vous...Vous.
Également, différentes
facettes de PvP peuvent se profiler. Tout d’abord (et tout joueur de DS2
les a forcément vus à un moment), les gardiens de zones. Ce sont les joueurs
ayant prêté serment auprès des garde-cloches ou du roi rat. Tout joueur ayant
prêté serment à ces derniers et qui porte l’anneau de son serment respectif
peut envahir le monde de quiconque profane les territoires concernés par ce serment.
Vous avez le serment des
sentinelles bleues, qui permettent de secourir un apôtre bleu qui se fait
envahir, ou envahir un pécheur avec les orbes bleues.
Et la fraternité du sang, le serment du PvP par excellence,
qui permet d’avoir la stéatite rouge et donc de vous friter avec quiconque
souhaitant vous invoquer, mais aussi et surtout, affronter des gens dans des
arènes dans le jeu en vanilla (càd sans avoir besoin du DLC, et au passage on peut avec les sentinelles bleues, mais faut des jetons...C’est
chiant).
Tu veux qu'on se la donne, dis ?
Et bordel, quel bon trip ! Pour tous les duels que j'ai fait en arène, les styles de combat sont assez variés (honorables ou pas on s'en branle), et personnellement j'ai un gros faible pour les duels physiques purs, qui ont été transcendés par la hausse de vitesse. Le skillcap est devenu de par ce fait plus élevé sans pour autant devenir élitiste, et les armes lourdes sont enfin viables. Bref, les duels sont bons, les possibilités sont nombreuses, et le challenge est mesuré. Dans mon jargon, on appelle ça un bon trip.
J’aurai pu parler des
serments PvE qui existent, qui sont les pèlerins des ténèbres, qui débloquent
carrément des nouvelles zones à achever (avec un final qui vaut le coup), ainsi
que la compagnie des champions, qui permet aux chevronnés de rendre le jeu plus
difficile, et là je n’utilise pas ce mot de travers car pour un même niveau
d’apprentissage, les erreurs sont beaucoup plus punitives.
Ceux qui connaissent ce symbole en savent quelque chose
Bref, finalement cet
épisode de la série fait mieux là où son grand frère fait moins bien. Il est
évident que la comparaison avec DS1 est inévitable et que les défauts du cadet
ressortent de manière flagrante. Néanmoins, il n’est pas vraiment pertinent de
le qualifier comme un titre dispensable, et encore moins comme un "jeu de merde".
Au final
Au final, Dark Souls
2, lanterne rouge ou mal aimé ? Et bien je dirais que ça dépend totalement
de la personne. De ce qu’elle compte faire, comment elle va jouer et ce qu’elle
cherche. C’est une non-réponse encore une fois (un peu comme chaque dénouement
des débats qu’on instaure finalement), mais répondre à cette question serait
négliger plusieurs choses, et la première chose qui m’est venu à l’esprit quant
à la mauvaise réputation de ce jeu est la première impression ainsi que
l’héritage qui va derrière.
Dark Souls 1 a été la première impression de la saga
pour beaucoup (hormis les poignées de fans de Demon’s Souls), tous ces gens se
remémorent les moments marquants de ce jeu, et c’est aussi avec ce jeu que tout
le monde a le plus galéré, mais a aussi le plus appris, d’où cette impression
de “non-exigence” quand on fait un autre Dark Souls. On est déjà conditionné
par notre expérience donc le périple sera obligatoirement moins enclin à nous
apprendre à mieux connaître l’ennemi, d’où le fait que ces épisodes soient
moins marquants. Si un joueur aurait décidé de commencer par Dark Souls 2,
nul doute que la première impression aurait été totalement différente et son
jugement serait drastiquement altéré.
De plus, comme dit
avant, DS2 est plus simple au premier run, mais beaucoup plus rugueux
sur le long terme. Il se pourrait donc que sa mauvaise réputation soit en
partie due à des gens qui n’ont pas cherché à faire de NG+, ou qui n’ont pas
décelé tout ce que cachait le jeu. Attention, je ne veux pas forcer les gens à
relancer DS2 juste pour y rejouer sans le moindre kiff. Mais en général,
ceux qui ont investi un gros temps de jeu sur DS2 ont très rarement été
déçus.
Et puis...Le fait que
dans le fond, les jeux se ressemblent beaucoup. C’est vrai, le principe est
toujours resté le même. Vous avancez à votre guise dans un monde en ruine, vous
flinguez vos ennemis de la même façon, vous avez l’armada habituelle de boss à
démolir, vous avez une quantité d’armes et de sorts impressionnante, vous
attaquez, vous esquivez, vous contre-attaquez, vous crevez parce que vous avez
foiré quelque part et vous recommencez, tout ça dans le but de nettoyer le royaume de toute sa merde et boucler le cycle sempiternel de l'âge du Feu (qui s'autoréférence beaucoup d'ailleurs).
Au risque de me répéter, DS1 avait mis la barre haute dans quasiment tous les domaines à l’époque. Tout ou presque était déjà porté à un haut degré de maturité, ce qui était déjà un sacré tour de force à une époque où le jeu vidéo était sur le point de devenir une grosse industrie, et donc de plus en plus mercantile.
Au risque de me répéter, DS1 avait mis la barre haute dans quasiment tous les domaines à l’époque. Tout ou presque était déjà porté à un haut degré de maturité, ce qui était déjà un sacré tour de force à une époque où le jeu vidéo était sur le point de devenir une grosse industrie, et donc de plus en plus mercantile.
Le problème de ce tour
de force, c’est qu’il faut fournir des efforts exponentiellement plus élevés
pour prétendre faire un meilleur jeu (je n’ai pas dit redoubler d’efforts, j’ai
dit des efforts exponentiellement plus élevés, et j’insiste lourdement sur la
nuance), et qui dit haut degré de maturité dit forcément peu de marge vers la
perfection.
Alors on essaie de gratter des améliorations ici et là, en
rajoutant des trucs, ou en corrigeant des choses, mais on ne notera jamais
d’amélioration majeure. C’est un constat triste mais qui m’a fait ouvrir les
yeux sur l’évolution de la série : on sent que les développeurs se sont
arrachés leur tripes pour rapprocher leur jeu le plus possible de la
perfection, mais étant donné la faible marge d’amélioration, on aura toujours
cette impression de jouer au même jeu.
Et le point culminant de
ce constat se trouve dans Dark Souls 3. Qui comme dit au début, est un
gros mélange de tous les Souls et de Bloodborne. De ces jeux n’en
a été extrait que les bons aspects : La richesse du gameplay, les combats
nerveux de Bloodborne, la direction artistique de Dark Souls, la
mythologie et l’aura qui s’en dégage, l’optimisation et le soin apporté au
multi provenant de Dark Souls 2, la courbe de difficulté bien mieux
maîtrisée, ainsi qu’un souci du détail des graphismes et de la direction artistique somme toute assez rare.
Absolument TOUT a été fait pour que cet épisode soit le meilleur de la série,
alors que paradoxalement, parmi les habitués, il est considéré comme le moins
mémorable.
Graphique pris à l'arrache de Google images et fait à l'arrache sur Paint pour illustrer ce long discours
Au-delà de ses défauts
mineurs que tout le monde reproche, la faute vient surtout du fait que les
habitués sont lassés, car ils ont déjà joué 2-3 fois (ou même 4 pour les plus vénères) au même jeu (on en revient encore
à la marge d’amélioration).
Et le constat est encore
plus saisissant quand on sait que Dark Souls 3 est un opus conclusif.
Les développeurs eux-mêmes se sont rendus compte qu’il ne pouvaient pas aller
plus loin vers la perfection en restant raisonnables. Les efforts seraient encore plus herculéens pour des résultats encore moins visibles, et en définitive on aurait des épisodes de trop.
C’est pour cette raison
que Dark Souls 3 ne peut pas être mis dans le même panier par rapport
aux 2 premiers si on les a torchés avant : il est le plus représentatif de
toute son évolution, mais on ne peut l’apprécier à sa juste valeur que
lorsqu’on découvre la série avec. Hé...Peut-être que c’est ça la vraie réponse
finalement...
J’avais dit auparavant
que la première impression (le premier jeu donc) influait beaucoup sur notre
jugement concernant un épisode particulier, car c’est avec lui qu’on apprend
tout dans la série. Et je termine en disant que Dark Souls 3 ne peut
être pleinement et sincèrement apprécié que si c’est notre épisode initiatique.
Finalement, je pense que
le meilleur épisode, selon mon opinion, est le premier auquel on a joué. C’est
peut-être pour ça que Dark Souls 2 a mauvaise réputation, car moins de
gens ont débuté la série sur ce jeu, contrairement à DS1 qui était
attendu de pied ferme par les gamers, et à DS3 car c’était sa
consécration médiatique. Et jouer les épisodes suivants n’est en aucun cas
dénué d’intérêt, mais le principal reproche que vous aurez à faire savoir sera
votre impression de déjà-vu due à votre expérience passée.
Finalement, les 3 Dark
Souls sont tous mémorables, mais pour en profiter à fond, vous ne pouvez en
choisir qu’un seul. En tous cas, tous les joueurs qui s’y connaissent un
minimum seront unanimes pour dire que la série aura été un sans-faute (aucun
épisode à bannir, cf. Zelda CD-I), et ces temps-ci où le jeu vidéo n’aura
jamais été aussi mercantile, il représente le contrepied parfait de cette
tendance : il met le joueur au centre de tout. Et rien que pour ça, c’est une
putain d’aventure.
Et en dépit de la date à laquelle cet article est posté, on est très sérieux ici.
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