Et voilà, 2018 c'est fini ! Et ça aura été une année assez pleine mine de rien. En événements personnels qui ne vous regardent pas, en progrès pour ce blog qui fêtera sa première année le 23 janvier 2019. Un paquet d'articles, de digressions et autres conneries que vous continuez à lire. Mais parlons de quelque chose sur lequel il y a des choses à dire : les bouquins ! Je me suis lu un petit paquet de livres de rien du tout, soit 77 bouquins cette année. Tout n'était pas bon, tout n'était pas parfait, y'avait des trucs oubliables voir même nazes. Mais je suis quelqu'un de positif donc je vais vous séparer le bon grain de l'ivraie. Voici un palmarés des bonnes lectures de 2018.
J’ai déjà évoqué le sieur, c’est Le Lobbyisé qui m’en a parlé. Les Héros m’avait convaincu à moitié mais je considérais que ça pouvait mériter une autre chance vu la facture de l’ensemble. J’ai donc choppé quelques autres volumes du sieur (d’ailleurs la mise en page des volumes individuels en ebook est ignoble, j’ai été obligé de racheter tout ça en intégrale pour ne pas me violer la rétine) et j’ai fait un plouf plouf. Enfin non, je déconne, je suis pas aussi hasardeux. J’ai regardé les pitchs et je me suis dit qu’un recueil de nouvelles pouvait changer de d’habitude. Et grand bien m’en a fait. Pour avoir lu d’autres d’Abbercrombie entre temps, je pense sincèrement qu’il essaye de filer un monde complet et ses enjeux tout du long de sa série. A la fois par l’intermédiaire du duel qui opposent les deux figures de Bayaz et Kalhul et par les mouvements géopolitiques qui reviennent souvent dans ses livres. Et quoi de mieux qu’un recueil de nouvelles, suivant divers protagonistes à divers endroits de son monde pour nous faire ressentir la toile qu’il tisse depuis plusieurs années ? On y retrouve ainsi plusieurs têtes connues, certaines qui ne m’étaient pas familières vu qu’il m’en reste quelques un à boucler, mais on sent ce vaste univers dont je parlais. Aidé par le format court il évite de trop en faire dans le violent ou inutilement sombre, et plusieurs me restent en tête comme “Les temps sont durs pour tout le monde” qui opère un basculement permanent des perspectives vraiment très réussi, ou encore l'enchaînement de nouvelles sur les personnages de Shev et Javre qui sont une chouette appropriation de la figure de Fafhrd et du Souricier Gris de Leiber, à la façon d’Abbercrombie, et ça se savoure. C’est d’une certaine façon une très chouette carte de visite du style de son auteur et de ce qu’il aime dans son univers. Le seul souci étant peut-être le manque de transparence de certains événements décrits. Mais ça c’est le problème depuis Les Heros et je l’ai déjà dit.
Royaume de Vents et de Colère de Jean Laurent Del Soccoro
Une découverte que je dois à mon fidèle comparse : Skoeldpadda. Dans son bilan de littéraire de l’année précédente (celui que y verrait une inspiration serait particulièrement malhonnête, je suis un self made man moi) il évoquait Boudicca du même auteur. J’ai donc laisser vagabonder mon gros pif curieux pour voir de quoi il en retournait. Il faut savoir que si j’ai aucun souci avec la littérature, quelle que soit sa provenance (même si les polars scandinaves ont fini par me saouler) mais il a y, je trouve, un réel plaisir à lire quelque chose dans sa langue originale. Que ce soit de l’anglais dans le texte, j’ai essayé une fois l’espagnol mais j’ai peiné, ou bien évidemment, le français. Traduire c’est trahir disent certains, si c’est extrême il est effectivement vrai que ça impose une forme de lissage sur le texte originel. Lissage absent si on lit dans le texte. Et le texte vaut le détour, on y suit quatre récits superposés dans une Guerre de Cent Ans légèrement fantastique mais pas trop. Je pense sincèrement que le tout a été écrit en étant visualisé comme une série télé avec ses coupures et ses faits revisités par un autre point de vue. Le tout servi par une chouette galerie de personnages, tous avec leur personnalité et leur style d’écriture en accord. Secrètement j’espère que le père Jean Laurent pondera d’autres itérations de cet univers. Puisse-t-il m’entendre !
La Mythologie Nordique de Neil Gaiman
Neil Gaiman pour moi ca a été pendant longtemps “le mec qui a écrit un truc avec Terry Pratchett”. Et je n’aime pas Terry Pratchett. Du tout. Fort de cette tâche mentale j’ai mit de très longues années à songer au fait qu’il avait eu sa carrière à lui et fait d’autres choses. Je me suis frotté littérairement à lui en … 2013 ou 2014 via sa nouvelle dans le recueil Eros Millenium (qui était bien de la merde comme recueil en fait, la nouvelle de Valerio Evangelisti dedans est un des trucs les plus navrants que j’ai lu en nouvelle de ma vie) où sa nouvelle Harlequin Amoureux était une pioche assez chouette. C’est encore ce bougre de Skoeldpadda qui me l’a montré, toujours dans les bons coups celui-là … Et bien m’en a prit, on est dans une approche très respectueuse de la mythologie nordique, racontée comme des comtes. Étant un grand fan du style, la forme quasi orale de la chose rend la lecture ultra fluide, et on s’amuse à découvrir, ou redécouvrir (je me rendais d’ailleurs pas compte à quel point j’avais poncé le sujet au fil des ans) certains mythes, se rendre compte que souvent dans les mythes les dieux sont des beaux enfoirés et s’amuser de tel ou tel détail incongru de par sa nature mythologique (Odin qui fait s’entretuer des fermiers en les faisant sauter en l’air avec des faux aiguisées par les dieux à la main quoi …). Face à un bouquin comme ça, je me dis que je pourrais éventuellement oublier quelques certitudes et éventuellement lire un autre bouquin du sieur. Éventuellement.
J’ai bouffé … 70 romans sur l’univers de Warhammer 40 000 en un peu moins d’un an (à cheval sur 2017-2018), avec dans le lot des merdes noires et fumantes, des machins insipides et interchangeables à en mourir, des OVNIs pondus des nerds de l’univers qui les rendent absolument incompréhensibles (si tu m’entends Matthew Farrer …) ou encore certains qui font des bons livres mais qui utilisent l’univers comme un prétexte pour faire autre chose (Dan Abnett coupable devant l’Eternel !). Et puis on a des livres qui sont “vraiment” des bouquins Warhammer de A à Z, ceux là sont paradoxalement les plus compliqués à trouver au sein de la masse. J’ai été tenté de parler de La Griffe d’Horus de Aaron Dembski-Bowden mais je l’ai lu en 2017 donc ça ne marche pas. Et je dois avouer que plus je le lis, plus j’ai un faible pour Josh Reynolds, un mec au final assez rare puisqu’il débute dans le domaine. Et chacun de ses bouquins transpire le fait que le mec est un fan de l’univers et qu’à chaque fois qu’il se lance dans un bouquin c’est pour offrir une vignette dédiée à un personnage, une faction etc … qu’il a parfaitement compris, à la fois dans ses forces et ses faiblesses, sans jamais sombrer dans l’onanisme dessus. Lukas The Trickster est un superbe exemple de ça, puisqu’on retrouve le personnage principal à la fois tordu, particulièrement retors et créatif pour mettre tout le monde en boule mais loin d’être totalement infaillible. Il suffit de voir le climax du bouquin pour s’en convaincre. Le meilleur point de ce livre reste (et c’est une des choses qui fait la patte de Josh Reynolds) qu’il arrive à raconter une histoire qui semble importante au sein de l’immense univers immuable de 40 000, et ça c’est pas rien.
Je vais pas mentir : quand j’ai choppé ce bouquin là c’était pour me moquer. Sérieusement quoi … La couverture, le titre, le nom de la série “Tandem Sensuel” … Faut quand même admettre que c’est l’équivalent d’arriver avec une chemise jaune et une cravate Mickey à un entretien d’embauche. Et puis soyons honnête : la chick litt c’est quand même assez risible dans son ensemble. Surtout quand en plus, en faisant des recherches sur qui peut bien être Elia Winters je trouve le site d’une nana à mèche bleue qui écrit des tests de sextoy et qui se déclare “auteur geek-érotique”. Vous mettez tout ça bout à bout, normalement ça sent le jambon. Mais un résultat est toujours plus que la somme de ses parties en terme de production artistique. Donc oui, l’histoire est balisée, oui il y a le moment où ils se disputent et refusent de se revoir, oui les circonstances les obligent à devoir de nouveau interagir. Évidemment ! C’est un bouquin de romance ! Comme le bouquin de fantasy a un moment avec de la magie, ou que le thriller a un chapitre vu par les yeux du méchant qui jubile que son plan va marcher à coup sûr. La nuance étant la façon dont c’est présenté et justifié. Je voulais faire un Lisez Bordel ! dessus avant de me rendre compte que j’arrivais pas à trouver le bon angle, mais ce bouquin justifie les raisons de tel ou tel trope du genre. Mon moment préféré est l’explication du refus de s’afficher en relation public dans un environnement de travail ultra machiste. C’est très con mais ça marche, autrement plus que “oui tu vois je ne comprends pas mes propres sentiments et je ne veux pas te blesser”. Et du coup l’intrigue c’est “comment on résout nos problèmes” et non pas “comment on fait pour se comprendre ?”. Et ça c’est bien. Suis juste triste que la suite Duo de Feu n’arrive pas à mettre la barre aussi haut. Hélas …
La série Codex Alera est quelque chose d’assez unique. D’une part par son postulat de départ, rien de moins qu’un pari littéraire sur le fait de faire une bonne histoire en croisant le concept de la IXème Légion Romaine Perdue et … Pokemon (!). Ensuite par le fait qu’en terme de genre j’ai rarement lu quelque chose qui met à la fois autant de temps à se trouver tout en se démarquant d’emblée. Oui je sais ça semble sibyllin dit comme ça. Si on prend les premiers volumes on sent que la série se cherche, Les Furies de Calderon, le premier tome ressemble beaucoup à un opus de high-fantasy assez ordinaire, avec son héros jeune berger qui croise la personne qu’il ne fallait pas et se retrouve embarqué dans une aventure. Non pas que ce soit mauvais à lire, loin de là, mais c’est trèèèèès balisé dans le style. Puis arrive le deuxième tome La Furie de l’Academ et là, à mon humble avis, Jim Butcher se rend compte de ce qu’il a vraiment entre les mains : un univers riche, des concepts bien assez porteurs pour qu’il lâche les freins et entame la descente de la pente à fond de ballons. Et La Furie du Curseur raffine ce mélange bien comme il faut, équilibrant ainsi les intrigues politiques du premier volume avec ces Hauts Seigneurs qui se font des coups de putes tout en gardant le sourire pour bien paraître sur l'échiquier politique tout en reprenant les batailles rangées du premier volume. Lesquelles sont enrichies par toutes les idées amenées du tome 2 sur l’usage créatif de la “magie” et vous obtenez un très bon cru. Un peu comme les Dossiers Dresden du même auteur en fait. Dans les deux le père Jim a mis un temps à se rendre compte du potentiel d’awesome dont il disposait et qu’il fallait exploiter. Et une fois la machine lancée ça se savoure avec un grand plaisir. J’ai du coup hâte de lire la suite, surtout en sachant que le dernier a été traduit cette année en français.
Et c'est un peu tout. J'ai été tenté de faire des mentions honorables et des mentions honteuses mais ca aurait été laborieux dans le premier cas de dire "pourquoi tel chose est bien mais pas digne de mériter dans cet article" et dans l'autre ça aurait du crachat de bile et je pense que c'est inutile, quand bien même ça peut être cathartique. Donc personne ne sera honoré ou dévalué en épilogue.
Et c'est un peu tout. J'ai été tenté de faire des mentions honorables et des mentions honteuses mais ca aurait été laborieux dans le premier cas de dire "pourquoi tel chose est bien mais pas digne de mériter dans cet article" et dans l'autre ça aurait du crachat de bile et je pense que c'est inutile, quand bien même ça peut être cathartique. Donc personne ne sera honoré ou dévalué en épilogue.
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