Ces derniers temps je conduis pas mal. Pour diverses raisons qui n'intéressent personne. Et de plus en plus souvent à des heures tardives. Et mine de rien, on ne ressent pas la musique de la même façon quand on est seul dans un habitacle au volant d’une bagnole à minuit moins dix que lorsqu’on se pose au bureau ou chez soi avec un casque. Je dirais même que certains morceaux ne trouvent leur réelle saveur que dans un autoradio. Notamment pas mal de morceaux de stoner, ça prend un autre sens sur un long trajet sur autoroute, croyez-moi là-dessus, j’ai roulé plus de cent bornes en écoutant du Kyuss l’an dernier. Mais j’ai plus envie de parler de la partie nocturne de mes expériences musicales automobiles. Parce que.
Ma découverte de la drum’n’bass est assez fraîche, je dois bien le confesser. Je n’ai jamais eu de problèmes avec la musique électronique en tant que tel, à part quand j’étais un petit connard de 16 ans, mais ça c’est normal. Mais je n’avais jamais eu spécialement d’envie de creuser la chose ou de vouloir en apprendre plus, occupé que j’étais à creuser plus profond dans des styles que je connaissais déjà. Il aura fallu que je passe quelques jours chez ma frangine en juin. Il se trouve que son conjoint est plutôt friand du genre, et après avoir passé une aprém à écouter ce qu’il aimait bien … je me suis rendu compte que ça me plaisait en fait ce truc. Et par chance il y a plein de types qui se donnent la peine de faire des compils via Youtube, donc la découverte est assez facile, que ce soit Suicide Sheep, Liquicity ou MrMoMMusic. Il y a de quoi se fournir. J’ai porté mon choix sur le défunt Apex (oui, il est mort en 2017) dont l’usage des basses est juste hypnotisant, combiné au temps que prend le drop à arriver (deux minutes, mine de rien). Et à partir de là ça devient presque un autre morceau tout en gardant exactement la même rythmique. Je vous jure qu’au volant, avec ça dans les oreilles on a l’impression de passer dans une autre dimension l’espace de cinq minutes. Surtout quand les rues sont désertes et que les lampadaires font des poches de lumière vides. La seule chose qui peut rendre ce morceau meilleur c’est le fait que sur la compile où je l’ai découvert il se fondait dans In The Future de Kamo & Crooked et c’était magique.
J’ai failli dire que c’était la première fois que je parlais de rap français sur ce blog, mais en fait non, c’est la deuxième fois. Amusant … Le charme de ce morceau tient à deux choses. La première c’est la grosse voix de Jason Voriz. Techniquement ça ne sera jamais le meilleur rappeur du monde, sa technique ne décolle pas depuis 10 ans qu’il sort mixtapes et albums, même son écriture, si elle a quelques fulgurances, n’a jamais cassé des briques. Mais sa voix … Sans doute aidé par les excès à l’époque où il vivait en Thaïlande (selon lui c’était biture et défonce tous les jours) sa voix a un grain, un truc. Je ne sais plus qui disait “dans dix ans ce mec aura fondé une secte”. Et je pense que cette personne a raison. L’autre élément qui joue énormément c’est l’instru réalisée par Cody McFly, beatmaker habituel du sieur Voriz, lequel dit en interview avoir cherché un résultat façon chop and screw comme le faisait DJ Screw à Houston dans les années 90. Autrement dit du son fait pour être écouté en prenant de la codéine. Et je trouve le résultat réussi, il y a un feeling un peu … pâteux qu’on peut ressentir quand on est complètement cuit ou très très fatigué dans un état second. En un sens le couplet de Seth Guecko qui vient après ruine un peu ce feeling vu qu’il ne file pas autant le thème d’être complètement drogué et anéanti. Hélas. Mais ces deux premiers couplets ...
Ulver est … un cas compliqué. Selon l’album que vous écoutez, vous risquez de croire que vous vous êtes trompé de groupe avec un homonyme fourbe. Après tout il y a bien deux Corvus Corax donc pourquoi pas deux Ulver ? Tenez, ce morceau là vient de leur troisième album. Vous trouvez que ça ressemble au morceau que je présente ? Si vous avez répondu oui, prenez rendez-vous d’urgence pour vous faire appareiller, vous avez un sérieux problème. A la base c’était un gros groupe de black metal qui se sont rendu compte que le genre les ennuyait à la longue. Et après une histoire de somme d’argent colossale claquée dans une bagnole et un enregistrement entier dans les bois, selon la légende tout du moins, ils ont décidé … de faire tout ce qui leur chantait. D’où l’album Perdition City, qui est un album de trip-hop honnêtement. Que ce soit les samples de jazz et de soul, les caisses claires ultra marquée et le mixage ultra … “satiné” si je puis dire. Si on ne me donnait pas le nom, je croirais à un truc sorti en 1993 à Bristol pendant l’époque où les membres du Wild Bunch faisaient tous leurs projets (les plus éminents étant … Massive Attack). Et c’est ainsi qu’on obtient un morceau ultra hantant, avec un saxophone qui sonne 50% slow jazz, 50% BO de film d’horreur sur le point de commencer. Avec ces grosses percu ultra fortes, qui me rappellent un peu Machine Gun de Portishead. Ça donne le sentiment de s’égarer quelque part, loin, dans un autre monde. Parfait pour se sentir ailleurs alors qu’on roule seul.
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