Le Jeu de Rôle est un loisir absolument fascinant pour ce qu’il inspire à l’imaginaire de chacun. En effet en entendant la voix suave de playboy du MJ, chacun est amené à se faire une image mentale de ce qui se passe, d’aucun voyant le maire du village comme un vieux crouton gâteux, tandis que d’autres le verront noble et distingué tel un Jean Rochefort local. Cela dit, il y a souvent à la base des images mentales de chacun un référentiel commun. Ledit référentiel étant souvent fourni par les bouquins du jeu que tous les joueurs pratiquent et se sont vraisemblablement passé entre eux. Et dans le genre je peux dire qu’on a des bouquins superbement illustrés, avec des illustrateurs qui ont une sacrée patte genre Ron Spencer ou Guy Davis par exemple. Ron Spencer qui est notamment le père de la première couverture de Deadlands que j’évoquais dans la série des RPG-A-Day. Mais il n’y a point de bien sans le mal qui va avec. Et aujourd’hui j’ai envie de vous parler des gros trucs de merde qui peuvent parsemer les divers bouquins que j’ai pu avoir entre les mains. Donc pour vos p’tits yeux émerveillés, une sélection personnelle à thème Monde des Ténèbres. Essentiellement parce que c’est l’univers que j’ai le plus lu en terme de volume et … parce que. Voilà.
Je commence par ce … truc, tiré de Caerns, Lieux de Pouvoir. L’avant dernier chapitre est dédié à parler d’une base des méchants de l’histoire : la Ruche de la Trinité, située sur le site des premiers essais nucléaires. Et la gardienne de cette ruche d’affreux jojos c’est Zhyzhak, qui est facilement une des antagonistes les plus dangereuses du jeu quand on voit la tronche de ses stats. Et pour un tel antagoniste il faut une illustration à la hauteur non ? Hé bah non. C’est Sam Inabinet qui s’y colle, après avoir officié sur divers bouquins du Monde des Ténèbres. D’ordinaire son style est correct/passable à base de gros aplats de noir et de blanc, ça fait le travail décemment même si clairement c’est pas Christopher Shy ou Vince Locke dans le style. Et pour représenter la menace et la violence quoi de mieux qu’une espèce de … caricature de loup, qui tire une tronche sortie d’un mauvais livre pour enfant ? Et encore, si vous leur achetez des bouquins comme ça c’est que vous aimez pas vos enfants, honte à vous de ne pas leur lire Claude Ponti d’ailleurs. Et parce qu’il faut insister sur le fait que c’est une méchante, pourquoi ne pas rajouter un arsenal cuir type BDSM ridicule hein ? Sans parler de la horde de clébards ridicules à ses pieds. La première fois que j’ai vu ce dessin, j’ai dit au Lobbyisé “c’est un dessin fait par ton petit cousin à qui on a dit de dessiner un monstre, et entre temps il a découvert la pièce secrète de papa et maman”. C’est ma seule explication au degré de nullité de ce machin. Mais ce n’est pas encore fini …
Les deux choses qui suivent sont les déjections, parce qu’il n’y a pas d’autres mots, de Leif Jones. Qui violera aussi les illustrations de la V20 de Vampire : La Mascarade mais quand bien même ça sent l’étron ce n’est rien face à ces deux cas là.
Montreal By Night doit être un de mes bouquins favoris pour Vampire : La Mascarade. A la fois parce qu’il est foutrement bien construit en terme d’intrigues, de personnages et de pistes pour un MJ, et parce que c’est un des rares livres de la gamme qui arrivent à rendre le Sabbat (une faction du jeu) à la fois intéressants, monstrueux mais pas stupidement cartoon. En plus le tout est chouettement illustré, notamment par Christopher Shy que j’ai mentionné un peu avant. Du coup tomber sur du Leif Jones dedans est un peu comme … manger une glace sur une terrasse en été et recevoir une fiente de piaf dans sa coupe en plein milieu de la dégustation. Donc on a ce mec qui une rangée de dents plus proche de la pierre tombale que de l’ivoire dentaire, avec une ombre sur la figure qui n’a absolument aucun sens, coursé par ce qu’on devine être un vampire, mais qui d’un œil extérieur ressemble plus à un rockeur bourré qui lui hurle des gros mots. Oui c’est ridicule et mal dessiné. Mais inoffensif on va dire. Mais j’avais besoin de poser cette crotte là avant de passer l’énorme chiure qui suit. Âmes sensibles s’abstenir.
Oui c’est dégueulasse. Et ça n’a pas franchement de “vraie” raison d’être là. Enfin si. La shock value de merde dont le Monde des Ténèbres s’est parfois rendu salement coupable. Allez essayons d’être juste : dans le bouquin Montréal est décrit comme un endroit où les vampires agissent quasi à découvert et se livrent à leurs débauches et autres perversions sans se gêner. Une bonne illustration aurait transmis ce malaise potentiel et l’horreur de voir une cruauté gratuite et inhumaine à l’œuvre. Une bonne illustration. Là on a un Marilyn Manson femme avec un gode ceinture ayant violé une femme dans une pissotière pour prélever un échantillon, le tout avec une perspective qui est un crachat à la gueule de la perspective en dessin. Et ça ne sert à rien. Je me souviens avoir vu cette illustration en 2015 cela dit quand une nana expliquait via des guides d’interprétation de perso sur DeviantArt (longue histoire) que c’était la preuve que White Wolf visait (très mal) le public LGBTQ+. Oui ça sentait l’argumentaire tumblr mais ça me reste encore en tête aujourd’hui et j’avais envie d’en parler. Je pense sans mal pouvoir retrouver l’article en question en plus …
Alex Sheikman est l’auteur de cette … “merveille”. Dans un bouquin qui est là pour parler des Arpenteurs Silencieux, une des tribus jouables de Loup Garou : L’Apolycapse. Quel est le rapport avec l’histoire du clan ? Aucun. Pourquoi y a t il un loup-garou très mal dessiné qui tient une goth égyptienne à moitié dévêtue dans sa patte griffue ? Aucune idée non plus. Pourquoi le collier de la demoiselle ressemble à un mélange entre un collier à piques de gothique en cinquième et une ... algue ? Toujours 0% de réponses. Vous noterez aussi que la lune a la rougeole et qu’on dirait sincèrement que le garou a l’air de vouloir commencer les préliminaires. On ne demandera pas non plus pourquoi la demoiselle saigne de la lèvre. C’est ça ou alors elle bave. Et j’ignore ce qu’est censé être les points en bas de sa robe. Un motif ? Une imitation de mur qui a servi à fusiller des prisonniers politiques ? Un hommage vibrant aux trous du gruyère ? Je n’en sais rien. Et je sais pas si je veux le savoir d’ailleurs.
Cette illustration est magnifique. Non j’vous jure. Vraiment. C’est à peu près comme ça que je m’imagine si un militant des droits animaux venait à faire une dépression et dessinait sa version des Idées Noires de Franquin sur la souffrance animale mais sans le talent qui va avec. Bon au moins cette fois-ci l’illustration a un rapport clair et net avec le sujet du bouquin. On y parle des Uktena, une tribu amérindienne qui a souffert de la colonisation de l’ouest sauvage et de la chasse mené par les colons. Au moins thématiquement ça marche. Par contre visuellement … J’ai cherché un peu ce qu’avait fait Steve Eidson, qui a enfanté ça. Son boulot porte essentiellement sur des illustrations de Vampire : The Eternal Struggle, un jeu de cartes adapté de l’univers de Mascarade. Et clairement le fait d’avoir plus de place ne lui a pas fait du bien. Entre le fait qu’aucune ligne du dessin ne semble vouloir être droite, l’effet encre de chine diluée avec beaucoup trop de flotte (c’est ça ou il a renversé son encre et essayé d’éponger comme il pouvait avant de dire fuck it et de continuer par-dessus), le chien malheureux qui est littéralement une carpette, la fourrure au mur qui est fait cartoon mignon pour enfant (sérieusement on croirait qu’il sort de Genz Gys et Khan !) et le bras de la gamine qui est juste … flippant tant rien n’est anatomiquement correct. Preuve que la conquête de l’Amérique fut vraiment horrible !
Ne sachant pas trop ce qu’il en est ou non des histoires de copyright j’ai préféré noircir le texte, ne m’en voulez pas. De toute façon ce n’est pas les règles qui nous intéressent ici. C’est ce putain de macaque ! Comme la fois avant, il y a une raison logique à la présence de ce singe. Vu que le pavé de règle explique comment se lier à l’esprit du Singe, grand fourbe et trompeur tiré des légendes chinoises (Sunwu Kong pour ceux à qui ça parle) j’imagine que ça se veut une représentation de l’esprit en question. Qui ne ressemble à rien, à part un singe avec une banane … C’est pas le summum de la classe pour un esprit qui a réussi à tromper tout le paradis jusqu’à ce que Buddha lui fasse une entourloupe ? Non ? Je le pense aussi. Et vous allez sans doute me demander pourquoi il y a Joe le vieux prospecteur d’or du Far West derrière. Hé bien … je n’en ai foutrement aucune idée. Je galéré à retrouver le père de ce pâté à l’encre noir. Par élimination dans les artistes crédités du bouquin c’est Mike Chaney qui en est le papa, et en regardant le reste de son portfolio y’a rien qui surnage en terme de qualité. Mais quand même le gorille là ...
Allez, le dernier clou du cercueil pour cette fois-ci, faudrait pas que je vous laisse la rétine complètement défoncée non ? Je n’ai hélas pas pu trouver l’auteur de ce crime contre l’art. Le bouquin dans lequel on le trouve a été illustré par pas moins de huit illustrateurs différents, et si certains sont reconnaissables dans leur style, j’ai fait choux blanc dans mes recherches pour les autres. Donc ce dessin aura au moins la protection de l’anonymat pour lui. Donnons-lui son seul bon point : il est raccord avec la page où il figure, vu que cette dernière parle d’un sort de vol d’âme ou un machin du style. Après je ne sais pas pour vous mais j’imaginais pas que voler son âme à quelqu’un consistait à lui faire des cheveux spaghettis en pâte à modeler. Surtout si le type a une tronche de Sid Vicious à qui on aurait fait de la chirurgie esthétique ratée. Et qui serait un vampire en plus. Le tout dessiné avec un reste de crayon de papier pas très bien taillé tenu par le peu qu’il reste entre le pouce et l’index. J’aurais vraiment aimé savoir qui a fait ce truc, histoire de voir si je pouvais pas ricaner encore plus. Mais hélas la vie est comme ça …
Je m’arrête donc ici, j’ai choisi d’exclure d’autres trucs, notamment les trois quarts de la production de Leif Jones encore une fois, ce type est vraiment mauvais mais j’ai pas envie de m’acharner. Néanmoins il y a un truc positif à tirer de tout ça : si vous êtes un artiste amateur, dites vous que ces machins ont été approuvés et publiés, ça veut dire que pour un peu, si vous faites des efforts, vous aussi vous avez votre chance !
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