Et voici venu le bilan de l'année. Soit ce que j'ai retenu sur les 81 bouquins lu cette année. En termes de statistiques je suis plus ou moins égal à moi même. J'aurais aimé plus parce que je veux toujours faire mieux, mais j'ai eu quelques blocages de lectures. Soit parce que confronté à une série de livres peu intéressants (vous ne savez pas à quel point on peut tomber bas dans le genre de la romance ...) ou alors des morceaux très dense et rude à lire (Patrick Rothfuss qui est pas mal pour caler un meuble, ou l'actuel Jardins de La Lune de Stephen Erikson qui est une incitation à l'addiction à l'aspirine). Mais ce ne fut pas une mauvaise année sur le plan littéraire je dois dire. Y'a juste, encore et encore, un backlog de trucs à lire qui n'arrête pas de grandir, priez pour moi mes amis. Et oui, contrairement à l'an dernier, j'ai cédé et j'ai fait une partie sur les mentions honorables et honteuses. Lapidez moi si ça vous chante. Au niveau de l'année elle même ... Ça a été chargé. Je pense que vous l'avez constaté, je suis un peu le seul capitaine à bord depuis un moment, Até fait des choses de son côté (même si on reste en contact et tout hein, y'a pas de divorce ou autre). On a aussi assisté à la fin du groupe de JDR officiel, plusieurs membres ont dû partir pour des histoires de vies personnelles donc c'est pas franchement la peine d'essayer de réunir la bande. Je regarde vaguement à fédérer une autre troupe mais c'est compliqué. J'ai joué un tout petit rôle dans un fort sympathique court métrage. Failli écrire un bouquin à quatre mains mais c'est tombé à l'eau à cause d'un américain fou. J'ai aussi un univers personnel en gestation dans les cartons, quelques scénarios qui ne serviront sans doute jamais mais qui ont le mérite d'exister, des travaux d'aiguilles, des recettes que je dois essayer et supposément aphrodisiaques et je me suis inscrit sur Twitter. Mais assez parlé de moi, parlons bouquins !
Baroness of Blood de Elaine Bergstron
C’est le premier livre que j’ai lu de l’année. Et sur le coup j’en ai été plutôt déçu. Il fait parti de la gamme Ravenloft, univers dédié à l’horreur gothique au sein de la gamme Donjons & Dragons. Oui je me suis dit qu’après avoir saigné Warhammer 40 000 il me fallait bien d’autres produits dérivés. On y suit le cheminement moral de son personnage principal, Ilsabet Obour. Laquelle, spoiler inside même si le titre est juste un tout petit peu parlant, finit par devenir un des fameux Darklords si iconiques à Ravenloft. Les critiques que j’avais lu ici et là sur le net évoquaient le fait que le personnage principal était trop antipathique pour rendre le livre intéressant … et effectivement, oui, Ilsabet est un lamentable être humain et de A à Z, quand il y a un choix à prendre, elle fait toujours le pire. Et vous savez quoi ? C’est le but. Ravenloft tout entier est basé sur le fait que les Darklords auraient pu éviter tout ce qui leur arrive s’ils avaient su mettre leur ego de côté et être raisonnables. Ravenloft est grandiloquent, c’est un univers inspiré de la littérature gothique nom de Dieu. C’est quand j’y ai repensé que je me suis rendu compte que, de loin, c’était une des meilleures illustrations que j’ai lu de la maxime qui veut que tout méchant pense être le héros de sa propre histoire. Il m’aura juste fallu huit mois pour prendre le temps d’y repenser et de me rendre compte qu’en fait c’était un bon cru cette baronne.
Ministry : The Lost Gospel de Al Jourgensen
Al Jourgensen est un gros con. Et un junkie. Très franchement il est dur de le nier, et lui-même est assez lucide sur le fait qu’il n’est un modèle pour personne. Et le récit de sa vie en est un excellent exemple. Des conneries de gamin à voler des voitures et se payer du shit en emmerdant ses parents, au premier album synth-pop de Ministry jusqu’à la consécration, le tout toujours accompagné par beaucoup de drogues, le parcours du type ressemble à une espèce de montagne russe malsaine. Entre les overdoses dans les toilettes, les problèmes de santé liés à l’alcool, les tournées peuplées de fans bizarres (on y aperçoit Nathan Gale qui s’est trompé de salle de concert) et les autres groupes, Jourgensen raconte avec une certaine lucidité (quand il arrive à percer les brumes opiacées) son passif, ses joies et ses gloires. J’ai lu plus d’une biographie d’artiste, et certes si on échappe à quelques auto-glorification assez insupportables, ce bouquin évite de tomber dans les écueils de “moi je savais” “moi j’avais compris” “moi j’avais raison” et autre jetés de fleurs par conteneurs entiers. Notamment par la très bonne idée de faire intervenir d’autres personnes de son entourage, lesquels ont parfois des histoires tout à fait contradictoires. Et en un sens je trouve que ça donne à la chose beaucoup plus de vérité au tout. Parlez avec vos amis et demandez-leur de vous raconter un vieux truc de votre vie pour voir. Vous aurez souvent plusieurs versions aussi. Et puis y’a cette histoire du nain homosexuel habillé en velcro qui vaut son pesant de cacahuètes. Rien que ça est un argument majeur en soi.
Le Nom du Vent de Patrick Rothfuss
On m’avait dit que c’était sympa mais sans plus, que le personnage principal était une grosse Mary Sue et j’en oublie. Mais le destin a fait que j’ai mit la main dessus en récupérant un pack d’epub d’un giga environ (j’en ai même pas lu un centième au final …) et le tout a traîné sur mon téléphone pendant un moment. Oui je lis mes epub sur mon téléphone et alors ? Alors effectivement, Kvothe, le personnage principal, est complétement pété. Oui il apprend tout ce qu’il faut, comme il faut, au moment où il faut. Et vous savez quoi ? Ce n’est pas grave. Parce que c’est le propos même du livre (en tout cas c’est ce que moi j’en ai dégagé) que de montrer qu’un individu surpuissant peut être brisé. On le voit avec l’histoire de Lanre, du Draccus, d’Ambrose, d’Elodin et j’en oublie. Et surtout la plume nom de dieu ! J’avais parlé dans mon article sur la fantasy de l’importance du style et je maintiens ce que je pense sur son importance. Et pour le coup Rothfuss est bon à ça, que ce soit pour ses personnages où même les seconds rôles lointains sont mémorables (l’homme masqué de Traedan me reste en tête alors qu’il apparaît deux pages !), son système de magie est un peu nébuleux au premier abord mais très bien construit (un jour je parlerai de l’importance de faire un bon système de magie), son approche de la romance, qui pourrait être un passage obligatoire chiant, est superbe notamment pour la pudeur qu’il utilise (je vous laisse lire et comprendre). Une autre chose qui m’a fait beaucoup aimé ce bouquin c’est l’approche très … biographique du tout. En effet le tout est une trilogie censée retracer la vie de Kvothe et on pourrait s’attendre à avoir droit à tout par période, rapidement évacuées et digérées et direction la suivante. Rien de cela ici, sur un livre de 800 pages on y voit passer quinze années méticuleusement détaillées et annotées. D’aucuns pourraient y voir de la longueur, j’y vois du détail et une approche différente. Et le dernier point qui m’a fait aimer ce bouquin c’est qu’il m’évoque … Blast de Manu Larcenet, dans un style très différent mais quand même. Cette similitude de l’auteur qui raconte l’histoire d’un personnage auteur et ses diverses réflexions philosophiques. Faudra que je creuse un jour cette direction. Retenez que ce livre est bon et que je vais sans aucun doute m’atteler à la suite un de ces quatre.
Joker écrit par Brian Azzarello et illustré par Lee Bermejo
Que ce soit clair entre nous : je n’aime pas Batman. Je n’aime pas le Joker. J’aime encore moins qu’on me brise les couilles avec les comparaisons et parallèles et autres agripages de nœuds entre l’un et l’autre. Comme ça c’est dit. Et je crois que ce qui me gonfle le plus ces derniers temps, la faute à tumblr j’en suis sûr, c’est la fixette maladive sur le fait qu’un personnage aussi néfaste et répugnant puisse être considéré comme “cool”. N’allez pas croire que je fais le moralisateur hein, j’ai mes coups de cœur sur des personnages dont la moralité est hautement douteuse (Billy Butcher for ever) mais je sais que ce sont des ordures patentées. Un discernement qui manque à pas mal de monde j’ai l’impression. Et vous savez quoi ? Brian Azzarello pense comme moi. Son Joker nous met dans les bottes d’un acolyte du clown grimaçant qui s’improvise son bras droit alors que ce dernier sort de taule et entreprend de reconquérir le royaume du crime. Et c’est la parfaite illustration de ce que peut être l’expérience d’être le témoin d’un psychopathe H24. Les scènes comiques font des ricochets façon pinball avec le gore qui tache (le trait de Bermejo a le don de rendre des choses anodines ultras écoeurantes, genre manger une crevette. Sans doute aidé par l’encrage de Mike Gray) et les moments réflexifs. On passe du fantasme façon Henry Hill et Jimmy Conway a la réalité où vivre avec un psychopathe va juste vous laisser en ruines, surtout quand la notion du fun de ce dernier “Because Death , for him … is the punch line”. Et le final achève la déconstruction du personnage avec brio, lisez le, je ne vous spoilerai pas ça.Et je tiens à dire que je l'ai lu avant même que le film soit officiellement annoncé. I'm always there before it was cool !
L’Épée Brisée de Poul Anderson
Y’a un type bizarre qui m’en a parlé il y a quelques années de ça mine de rien. Comme J.R.R. on voit la grosse influence des légendes et sagas scandinaves. Comme J.R.R on sent le spectre des guerres mondiales qui pèse sur les différentes figures du bouquin. Mais là où Tolkien voulait faire vivre un univers entier, Anderson prend l’optique d’une vraie saga. Le monde est présent, il n’est pas expliqué et à part quelques détails importants à détailler, les choses sont ce qu’elles sont et point. Ce qui donne mine de rien au tout une autre couleur que le Seigneur des Anneaux. Surtout avec son final ultra noir et désespéré qui sonne très très contemporain d’une certaine façon. D’une certaine façon c’est un peu comme Le Troisième Homme avec Orson Wells, une œuvre dont on voit les rides et l’époque qui l’a fait naître, mais qui garde encore un gros impact aujourd’hui, tant la substance même est de bonne qualité. Un paquet de trucs restent très modernes en fait. Que ce soit le côté fataliste et désillusionné qu'on retrouve à tous les étages de la fantasy contemporaine, un antagoniste assez touchant malgré sa monstruosité. Ça marche bien. Sacré Poul.
Les Montagnes Hallucinogènes d'Arthur C. Clarke
Les Montagnes Hallucinogènes d'Arthur C. Clarke
Une bizarrerie comme on en voit peu. Vraiment. Vous saviez qu'Arthur C. Clarke, un des paternels de la hard-sf, avait écrit un pastiche de Lovecraft vous ? Moi non. Il y a fallu qu'un pote, fana de chez fana du grand échalas de Providence, me le prête pour que je découvre ça. Et le résultat est ... assez intéressant en fait. Déjà l'humour est extraordinairement britannique ce qui est toujours appréciable, qui n'aime pas l'humour britannique ? L'extrême force, et aussi la faiblesse de ce bouquin, c'est sa "richesse" en fait. Clarke pond des jeux de mots et des vannes extrêmement pointus. Trop pointus en fait vu que sur l'ensemble du volume qui ne fait que 76 pages, seul 44 sont dédiées à l'histoire elle même, les autres sont dédiées aux explications. Ce qui vous donne une idée de la quantité de références faites et du besoin de les expliquer. Ce qui en un sens pose la question de savoir si quelque chose peut être "trop" bien travaillé et donc obligeant à se faire tenir la main tout du long pour réellement l'apprécier. Et rien que pour ça c'est une lecture digne d'être mentionnée. Et pis y'a une blague sur Abdul Al Hashish et ça, ça me fait rigoler bêtement.
Mémoires de Lady Trent tome 1 : Une Histoire Naturelle des Dragons de Marie Brennan
Mémoires de Lady Trent tome 1 : Une Histoire Naturelle des Dragons de Marie Brennan
Ce fut une découverte au hasard celui-ci. Le troisième tome venait de sortir et un des sites où je me fournis en epub avait mit toute la série à disposition. Et moi j'aime bien les dragons donc j'ai pris parce que c'est cool et que ça vole et y'a des ailes. Oui c'est un plaisir totalement régressif et gamin que j'ai vis à vis de ces créatures écailleuses et ailées. Et vous savez quoi ? Marie Brennan aussi. Ce qui prouve que j'ai les mêmes centres d'intérêt que des gens biens (ou qu'on est au moins deux idiots ...). Je n'ai pas encore attaqué les autres tomes, donc il est possible que ça parte dans tout autre choses. Mais dans l'état actuel des choses on a affaire à une série qui reprend le concept des romans de voyages/aventures chères au XVIIIème et XIXème siècle à base lieux exotiques pour nos aristocrates victoriens huppés et de cultures à découvrir. Si ça vous évoque un type avec un fouet et un chapeau ... il y a de ça. Mais le tout est encore plus cool parce que le tout est axé sur la biologie des dragons, et nom de dieu que c'est très bien développé. Le monde de Brennan vit et marche justement par ses explications et autres petits soucis du détail qui me font rêver et comprendre pourquoi le monde est comme ça et pas si différent en dépit de tel ou tel élément. Et je dois dire que ça faisait un moment que je n'avais pas lu un roman qui utilise la forme du mémoire, un style que j'aime beaucoup et qui m'a filé un ou deux flashback de Out Of Africa et de sa voix par Evelyne Séléna (le seul truc que j'aime de ce film). Les prochains tomes seront lu cette année, ou la prochaine, ou celle d'après ... Mais ils seront lus ! Ho et détail important : le livre est parsemé d'illustrations qui rajoutent un chouette contexte, et à ma grande surprise elles sont de Ed Greenwood, le mec qui avait vomit sur la ligne graphique de Donjons & Dragons à l'époque. Chapeau d'avoir su me faire apprécier son boulot, livre.
Mentions honorables/honteuses à : Anno Dracula de Kim Newman, la preuve qu’on peut vraiment faire un livre de merde avec un concept cool quand on veut jouer au malin avec ses références au lieu de faire une histoire. Tales of Ravenloft qui contient quelques très bonnes nouvelles et un paquet de machins très nuls. Les éditions Mnémos et leurs choix d’auteurs de fantasy, rois des bouquins inachevés et/ou aux idées prometteuses pas exploitées. Amitié & plus si Affinités de Rose Vignetti qui est un truc infâme et mièvre au point que je me demande si l’auteur n’a pas entendu mes prières pendant la lecture et fait mourir l’héroïne à la fin exprès. Winter Witch d’Elaine Cunnigham, très scolaire dans son domaine mais fun néanmoins si on a envie d’une virée sans prise de tête dans l’univers de Pathfinder. Lame Damnée de Jay Courtenay Grimwood, la preuve qu'on peut faire du roman fantastique-historique-scatophile-graveleux, un genre dont j'aurais jamais pensé qu'il puisse exister. Et c'est de la merde. Le Sang des Assassins de RJ Barker, un livre qui m'embête parce que j'aime bien ce qu'il propose et son ton mais ... ce qu'il y a dedans n'arrive pas à me hâpper en dépit des qualités présentes et c'est fort dommage, je lirais quand même le troisième tome. Les Jardins de La Lune de Stephen Erikson, très très très très dense, qui m'a prit un certain temps à finir et digérer (quasi un mois) et il est fort possible que je revienne dessus sur ce blog. La Furie du Princeps de Jim Butcher, aussi bon que ses ainés mais pas aussi surprenant d'où l'absence d'un encart rien que pour lui, j'ai hâte et peur de lire le dernier, bordel ... Sucubus Revealed de Richelle Mead, j'ai commencé à lire la série là quand j'étais lycéen, j'ai jamais pu mettre la main sur le dernier tome jusqu'à trouver l'epub en torrent en début d'année, ça m'a fait bizarre de dire au revoir à une vieille connaissance. La Collection Osez ... 20 Histoire de ... aux éditions de La Musardine, des anthologies de littérature érotique sur un thème donné, tout n'est pas bon, loin de là, mais il y a de l'inspiration à y puiser. La vièrge des Loups Milliardaires (oui, avec la faute d'orthographe sur la couverture) de Jasmine Wylder, parce qu'un truc pareil il fallait l'inventer. Rapaces de Dufaux et Marini, preuve que de tous temps Dufaux a toujours aimé les femmes à poils, les histoires sexuelles peu ordinaires et les références historiques.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire