dimanche 14 octobre 2018

RPGaDay2018 : #14 Décrivez un échec devenu génial ?

Gerru :

Até en a parlé brièvement dans sa Galerie de Personnages : l’histoire de la camionnette. C’est pas exactement un échec de ma part à la base, même si y’en a eu un également. Dans cette histoire c’est deux gros échecs : un de nous tous en même temps, puis de Dwarframe et de Até sur la même chose qui ont été les plus importants. Replaçons nous dans le contexte voulez-vous ? A l’époque on était dans une enquête de Shadowrun, à essayer de trouver d’où venait la nouvelle drogue du moment qui faisait des ravages dans les rues pour le compte d’un mec d’Interpol. Entre deux bagarres avec des loubards pour leur extirper des infos on décide d’aller se rencarder dans un bar dont le patron est un contact du nain de Dwarframe. On y avait déjà foutu une fois le boxon dans une partie qui est restée dans les annales pour plusieurs raisons, mais c’est encore une histoire pour une autre fois. Comme dans tout bon jeu de rôle qui se respecte, on commande une bière (et pourtant Dieu sait que moi et la bière ça fait deux) et on pose nos fesses sur une banquette à attendre le patron qui est en train de tirer son coup à l’arrière (je vous jure que je n’invente rien). N’ayant pas grand-chose à faire on fait mine de boire nos verres avec des verres réels qu’on a (oui, il est important de s’hydrater lorsqu’on joue), Até et moi buvant les trois dernières gouttes de flotte au fond, grossière erreur de notre part ... Mister W nous demande donc si on fait cul sec, pourquoi pas non ? Donc on dit oui comme des idiots et là surprise ! Il faut savoir qu’une session plus tôt, la ville où on jouait (Los Angeles) avait été victime d’un tsunami, et du coup on vient, sans le savoir, de se faire servir de la bière à l’algue. Laquelle est absolument ignoble, on doit tous faire un jet de vigueur pour voir si on arrive à digérer une saloperie pareille. Et là c’est le premier échec : Dwarf lui s’en sort tranquille, Até lui foire de peu et s’en va juste vomir tripes et boyaux dans un urinoir et moi … échec critique, c’est tellement ignoble que je tombe dans les vapes d’écœurement et roule sous la table. Oui, c’est la grande classe … Bon jusque-là c’est juste un épisode un peu humiliant et y’a pas de quoi s’en réveiller la nuit.

 Et ça existe en plus !
Puis vient le second échec : alors qu’on est tous en train de s’humilier, la porte du bar claque et voilà que cinq personnes entrent dedans, toutes armées, trois avec des couteaux et deux avec des fusils à pompe. Et là ça commence à aller mal. Plus tôt dans la partie, Dwarframe avait fait l’acquisition d’un nodachi qui n’avait rien de moins que la particularité d'héberger l’âme de Hirohito, oui, Le Hirohito. Et pour la peine il veut baptiser sa nouvelle arme, on ne questionnera pas les questions logistiques d’un nain d’un mètre quarante portant une lame qui fait la même taille que lui hein. Bien mal lui en prend, il se récolte une décharge de fusil à pompe alors qu’il charge lame au dehors et se retrouve à terre, son kevlar ayant encaissé le coup mais lui est étourdi. Déjà là, ça se présente mal et le pire est à venir. C’est au tour d’Até de jouer et il sort donc des toilettes après s’être lavé les mains et essuyé la bouche … pour se faire accueillir par un tir croisé de chevrotines ! Et là arrive le deuxième gros échec : il foire complètement ses jets d’esquive puis de résistance. Autrement dit notre elfe à calvitie vient d’encaisser deux salves de calibre .12, son veston pare-balles est une passoire et ses poumons des confettis, y’a pas 36 façons de le dire : on est dans la merde, lui en particulier. C’est donc à moi de jouer, réveillé que je suis de sous ma table par les coups de feu. Ni une ni deux je dégaine ma paire de revolvers et j’annonce que je fais un tir de balayage sur tous les loubards. Fort de mon nouveau matériel acquis un peu avant, plus quelques points de compétences investis avant la session, je me retrouve à lancer 12 dés pour faire mon action. Sur les 12 lancés, dix ont été un succès et je suis sûr qu’il y avait des six dans le lot, donc des critiques. Je me suis en gros pris pour Chow Yun Fat a arrosé comme un dingue, les trois avec des couteaux s’écroulent, la cervelle à l’air, tandis que les deux à fusil à pompes ramassent un pruneau dans le buffet qui les met hors courses mais pas mort. En un seul jet de dés s’il vous plaît. Mais très vite, une fois le rush de plaisir de la réussite passé, je me mets à flipper, mais vraiment, autant en tant que perso qu’en tant qu’individu. Y’a quand même Até qu’est en train de crever là et vu que c’est la première fois qu’un truc pareil arrive je ne sais pas absolument pas, sur le moment, si Mister W va laisser le perso mourir ou non. En vérité, non il ne l’aurait pas fait, mais ça … Par chance, j’avais fait la rencontre d’un street doc un peu plus tôt dans la partie et gardé son numéro, il voulait savoir si je vendais des organes frais. Je l’appelle en urgence, et je vous jure que ce n’était pas de l’interprétation, avec une voix toute tremblante pour lui dire qu’on va arriver en urgence. En parallèle de ça, le patron est revenu, la braguette toujours ouverte, de sa petite affaire et je lui demande de me passer ses clefs d’urgence. Je récupère Até dans mes bras et dit à Dwarf de charger les macchabées dans le coffre. Et voilà qu’on démarre à fond de balle, dans un mini-van rempli de cadavres avec un elfe en train de crever sur le siège passager et le nain qui est dedans mais je ne sais pas trop comment. Tout ce que je viens de vous décrire je le passe dans un état de panique pas possible, chaque décision prise l’était sur le coup de l’urgence, y’avait pas de réflexion consciente ou autre, juste “Putain, c’est une question de vie ou de mort”. Et comme il faut être VITE chez le doc, je me retrouve avec un jet de conduite à faire, 8 réussites nécessaires ou ce sera trop tard pour notre elfe. Je lance mes 10 dés … 7 réussites. Et là je ne sais plus quoi faire … avant que Mister W me rappelle que je n’ai utilisé aucun point de chance depuis le début et que j’ai donc de la réserve. J’en crame un pour obtenir le succès qu’il me manque. Je justifie ça ingame en décrivant un dérapage au frein à main avec reprise de volant pour esquiver un autre chauffard, donnant ainsi naissance à notre expression “Tokyo Drift avec des mecs crevés” qui nous est resté depuis. Et fort de ce jet réussi, j’arrive à temps pour placer notre elfe sous assistance respiratoire et perfusion chez le doc, payant au passage les frais d’hospitalisation avec les corps fraîchement récoltés. Et seulement après j’ai pu respirer et me calmer un tout petit peu.

Je crois que c’est une de mes expérience de jeux les plus intenses. Entre le sentiment d’urgence, la peur quasi réelle qu’un pote crève (fictionnellement mais ça c’est un détail …) et l’improvisation totale sans qu’on se concerte ou quoi, combiné à la fierté d’avoir eu une “bonne idée” qui a sorti tout le monde de la merde. Et tout ça est parti d’échec donc ça rentre très bien dans le cadre de la question.

Ategix : 

Vous savez, quand on fait initier un JdR à quelqu'un, il y a toujours cette partie tuto un peu rocambolesque où vous faites un perso à l'arrache et le mettez en situation. Dans ce cas précis, on devait initier un gars (qu'on appellera Le Rookie) de mon groupe de Deadlands au système de dés. Du coup, on simule un bar avec dedans son perso (fusilière spé gymnaste), le mien tiré d'un archétype fait par Gerru (pistolero obèse), et un mexicain plutôt déter qui parie un rond avec quiconque le dérouillerait en baston. Du coup, j'initie le combat en ayant un peu de mal par manque de stats, puis vient Le Rookie qui finit par le foutre KO. Normal, il avait des meilleurs stats que moi. On aurait pu avoir notre dû normalement, si notre opposant n'aurait pas dit "plutôt mourir que me faire tabasser par une femme !"

A partir de ce moment là, tout part en couille. Le Rookie décide carrément de tirer une balle de six-coups dans la caboche du gars en plein saloon...Pour 11 points de dégâts. Du coup c'est comme si c'était juste une éraflure, et il accepte finalement de reconnaître sa défaite car il tenait un peu trop à la vie. On aurait pu en rester là...Avant que je reçoive une balle à travers la fenêtre du saloon, et de voir arriver un gars le flingue à la main complètement torchon chiffon carpette qui hurle "Qui c'est qui a tiré dans ma ville !?". C'était le shérif du village, qui s'est manifestement marié avec l'alcoolisme, et qui m'a sans aucun doute tiré dessus. En temps normal, étant donné que ce perso suit la loi de l'ouest, il ne décide de dégainer que si son adversaire a tiré en premier, sauf que la balle que je me suis prise vient certainement de lui, et je trouve très discutable le fait qu'un shérif remplisse son devoir en état d'ébriété manifeste...Donc je dégaine et commence un duel à mort contre lui, qu'on finit par remporter, et je m'en sort sans trop de blessures grâce à la peau d'orange assez épaisse de mon perso. Du coup, le shérif de la ville est mort, il faut donc s'en aller très vite avant que d'autres emmerdes nous tombent dessus. Il a fallu faire un jet de connaissance en équitation pour trouver un bon cheval et se barrer fissa, que Le Rookie réussit plutôt bien, alors que je fais carrément un échec critique. Gerru me dit alors : "Tu trouves que ce mulet est vachement vigoureux", et dans l'urgence de la situation j'ai pris le mulet. S'en est suivi une scène vraiment ridicule où on peut voir un obèse qui tente de s'enfuir de la ville avec un mulet. En sachant que j'ai foiré un jet d'équitation, ça a laissé le temps de voir, par chance, une balle de winchester me transpercer le chapeau. Puis j'ai réussi à contrôler le mulet et fini par m'échapper de la ville en compagnie du perso du Rookie.

On est quand même parti d'une baston de bar plutôt réglementée pour dégénérer en assassinat du shérif de la ville, pour finir sur mon perso obèse qui galère à s'enfuir à dos de mulet et qui se fait trouer le chapeau au passage. Vers la fin de la journée après l'initiation, Gerru m'a dit : "Vous avez vraiment fait nawak..." Et c'est vrai, si on enlève le fait que ce soit un tuto. Mais finalement, au-delà de tous les échecs apparents et du bordel de la situation qu'on a causé, ça a quand même permis d'explorer pas mal de facettes du système de dés, bien au-delà de la simple baston de bar prévue au début. Et puis franchement, un obèse sur un mulet qui tente de s'enfuir d'une ville où les habitants lui tirent dessus, ça vend pas du rêve, ça ?

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